« Appelé à la liberté » (Ga 5,13) : kérygme et vie nouvelle
La liberté est constitutive du kérygme, elle est dans l’essence même du christianisme. Le Christ nous a libéré de la mort et du péché par sa résurrection. La liberté se trouve dans l’esclavage de l’amour, dans l’esclavage pour le Seigneur et le service les uns des autres.
La lettre aux Galates est un manifeste de la liberté. La liberté est le contenu de la rédemption dans et par le Christ. Il y a communion de l’enseigné avec Celui qui enseigne. On a là les termes qui définissent la catéchèse : ministère qui met en rapport l’enseigné et celui qui enseigne autour de la Parole et dans le partage en toute chose. Le ministère de catéchiste est vraiment un antiquum ministerium – ministère très ancien, en latin –.
L’essence de l’Évangile
Paul aborde la question dans la lettre aux Galates au chapitre 3, verset 28. Pour Paul, ce qui compte le plus, c’est d’être au Christ ; les différences habituelles (juif ou grec, homme ou femme, esclave ou homme libre), dans le milieu dans lequel il évolue, ne comptent pas. Il en est de même pour la circoncision. Ce qui fait la différence, c’est la foi opérante par l’amour (Ga 5, 6 : Car, dans le Christ Jésus, ce qui a de la valeur, ce n’est pas que l’on soit circoncis ou non, mais c’est la foi, qui agit par la charité.). Ce qui compte le plus est d’être une nouvelle créature générée dans le Christ par qui toutes choses sont faites nouvelles.
Les catéchistes doivent réfléchir à cette évangélisation avec les catéchumènes par exemple. Nouvelle évangélisation et catéchèse sont différentes mais liées. L’annonce principale du Kérygme est en leur centre (EG 164).
La primauté de l’Esprit
La lettre aux Galates est une apologie de l’Esprit. C’est à partir du don de l’Esprit que vient la filiation divine ; le don de l’Esprit fait de nous des fils (Ga 4, 6 : Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c’est-à-dire : Père !) On retrouve cela aussi dans la lettre aux Romains (Rm 8, 15 : … vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père !)
Il faut apprendre à reconnaitre l’Esprit du Fils. La lutte entre la chair et l’Esprit est un conflit au sein de la personne. Cette bataille est décrite dans la lettre aux Galates au chapitre 5. Le péché est difficile à reconnaitre. On le reconnait par ses effets dévastateurs mais le fruit de l’Esprit est unique. La victoire sur le péché est assurée par l’appartenance au Christ.
La liberté en tant que service
La liberté est constitutive du Kérygme. Paul nous dit que le Christ nous a libéré vraiment par sa résurrection. Cette liberté n’est ni une conquête ni un droit mais un don acquis par le don que le Christ a fait de sa vie. L’amour du Christ est paradoxal : Jésus Christ n’est pas mort à la place de quelqu’un mais pour nous tous. Paul n’a jamais voulu l’abrogation de la Loi mais le chrétien n’est pas sous la Loi. Il est appelé à la liberté. Il est libéré du péché et de la mort.
Paul aborde la liberté à partir de l’Ancien Testament ; ce n’est pas le libre arbitre mais l’esclavage pour le Seigneur (Lc 16, 13 : Aucun domestique ne peut servir deux maîtres…) La liberté se trouve dans l’esclavage de l’amour, dans l’esclavage pour le Seigneur et le service les uns des autres qui découle de la fraternité dans la foi. C’est un élément révolutionnaire dans la société où vit Paul et à laquelle il s’adresse : la liberté découle de l’égalité.
La parrhésie est l’expression la plus tangible de la liberté (cf le dernier cours au Collège de France du philosophe Michel Foucault en 1984). Ce n’est pas la franchise mais le courage de « tout dire » car on partage une même foi et un même amour dans le Christ.
La parrhésie est le mode de la relation entre catéchiste et catéchumène. Elle est un don reçu par le chrétien pour « tout dire ». Il y a un conflit entre la liberté telle qu’elle est conçue dans la pensée antique et la liberté du chrétien. Cette liberté est une condition réalisée par le Christ dans l’Esprit. Le critère est dans une relation. La liberté est dans l’essence même du christianisme. Elle est esclavage dans le Christ. Comme l’écrit Luther, dans le Traité de la liberté chrétienne de 1520 : « Le chrétien est l’homme le plus libre ; maître de toutes choses, il n’est assujetti à personne. L’homme chrétien est en toutes choses le plus serviable des serviteurs ; il est assujetti à tous. »
D’après une intervention de Mgr Antonio Pitta, Université Pontificale du Latran : « Appelé à la liberté » (Ga 5,13) : kérygme et vie nouvelle [CEC 1691-1715] lors du Congrès de catéchèse à Rome sur le thème « Le catéchiste, témoin de la vie nouvelle dans le Christ » (2022).
Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté.
– Ga 5, 13
Appelés à la liberté
AELF
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