La perspective synodale pour une catéchèse évangélisatrice

Un discernement communautaire est nécessaire pour toute décision ecclésiale. Il suppose une capacité d’écoute et de parole libre. La catéchèse a un rôle essentiel pour éduquer à ce discernement communautaire : éduquer à écouter, à se laisser interpeller par l’autre, par sa vision de la réalité et éduquer à prendre la parole dans l’Eglise dans le style de la parrhésie évangélique.

Ce Congrès de la catéchèse veut s’insérer dans le processus synodal auquel le pape François a invité toute l’Église. Après l’étape diocésaine dans les Églises locales, nous sommes maintenant dans l’étape continentale. Le troisième millénaire doit être marqué par une conversion synodale. L’Église doit manifester un visage nouveau en poursuivant la réception du Concile de Vatican II et lancer un processus qui portera ses fruits en temps voulu. Chaque domaine doit entrer dans ce processus de renouvellement synodal (par exemple le droit canon, la pastorale de la charité, …).

Le pape François a créé un lien entre catéchèse et processus synodal dans son discours du 30 janvier 2021 aux membres du Bureau de catéchèse de la Conférence épiscopale italienne. Ce processus sera une catéchèse en soi. Le synode est catéchèse car tout cheminement synodal devient une école d’évangélisation, de vie chrétienne et une expérience d’Église. La catéchèse est synode car quand la catéchèse est pleinement elle-même, elle comporte un horizon et une perspective synodale.

La catéchèse vécue synodalement

La catéchèse n’est pas l’œuvre d’experts ou d’une petite élite mais de toute la communauté dont la nature est d’être évangélisatrice. Concrètement, la catéchèse devra se distinguer par la participation commune de tous les acteurs et s’engager à la formation permanente de tous les membres de la communauté. La communauté est à la fois catéchisée et catéchiste.

Comme le dit le pape François dans Evangelii Gaudium (EG 120), en vertu du baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire. Chaque baptisé… est un sujet actif de l’évangélisation… Même si le pape ne parle pas de synodalité dans EG, on en trouve les présupposés. Le baptême, comme premier sacrement, confère une participation réelle à l’unique sacerdoce du Christ et donne à chacun un rôle dans la vie ecclésiale. Tous les baptisés sont sujets de la mission ecclésiale. Le munus propheticum conféré au peuple de Dieu par le baptême et la confirmation est participation au munus propheticum du Christ.

Tout part du baptême (cf Lumen Gentium), quel que soit le niveau d’instruction. La formation des formateurs demeure nécessaire mais c’est second par rapport à la donnée initiale du sensus fidei. Le baptême est source de charismes pour la communauté. Tous en possèdent mais aucun ne les possède tous. La catéchèse est pauvre quand elle se prive de ces charismes. Quand elle utilise ces charismes, elle devient une expérience intégrale qui touche le cœur et pas seulement la tête.

Une catéchèse synodale sera aussi capable d’éduquer à la synodalité. L’expérience de la foi n’est pas une expérience individuelle. La foi chrétienne est toujours vécue avec les autres et pour les autres.

La catéchèse orientée à une vision, à une réalité synodale

Il est nécessaire d’éduquer à percevoir la foi comme un don commun, qui nous libère du repli sur nous-même et nous intègre dans un peuple. EG relance l’ecclésiologie du peuple de Dieu du Concile de Vatican II. Le salut que Dieu réalise et que l’Église annonce est pour tous. Personne ne se sauve tout seul, ni isolé ni par ses propres forces.

Voir les sacrements de l’initiation chrétienne comme éléments fondateurs de l’identité chrétienne permet de lutter contre le cléricalisme car cela appelle à ne pas considérer les baptisés comme des récepteurs passifs. Dans sa lettre à la Commission pontificale pour l’Amérique Latine du 19 mars 2016, le Pape a rappelé qu’à travers le baptême et par onction de l’Esprit Saint, les fidèles « sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint » (Lumen Gentium 10). Le baptême est un signe que personne ne pourra jamais effacer. Le baptême a été longtemps sous-estimé et même mortifié, considéré comme un sacrement mineur. De ce fait, on ne reconnaissait que les ministères ordonnés. Le cléricalisme doit être combattu par la catéchèse aujourd’hui car il conduit à l’ignorance de la valeur du baptême et à une perte de forces.

Un discernement synodal est nécessaire pour toute décision ecclésiale. Il suppose une capacité d’écoute et de parole libre. La catéchèse a un rôle essentiel pour éduquer à un discernement communautaire : éduquer à écouter, à se laisser interpeller par l’autre, par sa vision de la réalité et éduquer à prendre la parole dans l’Eglise dans le style de la parrhésie évangélique. Cela permet de lutter contre la résistance au changement, l’inertie, la peur, le « on a toujours fait comme ça ». La catéchèse doit avoir la force de favoriser la naissance d’une autre mentalité, la construction parmi les fidèles, dès le plus jeune âge, d’un « style » synodal sans lequel aucune structure ne sera efficace.

D’après une intervention du Card. Mario Grech, Secrétaire Général du Synode des Evêques : La perspective synodale pour une catéchèse évangélisatrice lors du Congrès de catéchèse à Rome sur le thème « Le catéchiste, témoin de la vie nouvelle dans le Christ » (2022).

Toutes les interventions :

Congrès de catéchèse à Rome #3 : « Le catéchiste, témoin de la vie nouvelle dans le Christ » (2022)

Du 8 au 10 septembre 2022, le Vatican a accueilli le 3ème congrès international de catéchèse, intitulé « Le catéchiste, témoin de la vie nouvelle dans le Christ ». Il portait sur la 3ème partie du Catéchisme de[...]

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