Vivre un temps de lectio divina autour de l’évangile de la solennité du Christ-Roi

Polyptyque du Jugement dernier, Rogier van der Weyden. Hôtel-Dieu de Beaune (21).

Polyptyque du Jugement dernier, Rogier van der Weyden. Hôtel-Dieu de Beaune (21).

Forts de la lecture de l’article « Comment prier avec la Parole de Dieu ? L’expérience de la lectio divina », certains seront sans doute tentés d’expérimenter ou de poursuivre leur pratique de la lectio divina. Voici une proposition autour de l’évangile du 34ème et dernier dimanche du Temps ordinaire (cette année le 20 novembre 2022), solennité du Christ, Roi de l’univers. Ce temps de prière et de lecture de la Parole de Dieu est proposé pour les catéchistes, accompagnateurs de catéchumènes et catéchumènes et décliné dans une version plus adaptée pour les enfants et les familles.

Evangile de la solennité du Christ, Roi de l’univers (année A)

31 « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.

32 Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs :

33 il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.

34 Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde.

35 Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ;

36 j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”

37 Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ?

38 tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ?

39 tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?”

40 Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”

41 Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges.

42 Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;

43 j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.”

44 Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?”

45 Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”

46 Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

Mt 25, 31-46, traduction liturgique AELF

Entre catéchistes ou animateurs de catéchuménat

La lectio peut être vécue avec des catéchumènes.

Quelques conseils d’ordre pratique :

  • Choisir un lieu calme où vous vous sentez bien. En période de confinement, quand le rassemblement nous est interdit, nous pouvons nous retrouver grâce aux nombreuses applications qui permettent de se voir en visioconférence. Il peut être important alors que chacun ait identifié son lieu comme celui de la prière. Allumer une bougie et déposer une bible à côté. On peut également mettre une icône. Il est important d’être confortablement installé : certains préfèrent prier à genoux, d’autres assis… peu importe, l’essentiel est que nous manifestions par notre corps que nous nous mettons en présence de Dieu.
  • Être attentif au temps que l’on choisit de consacrer à la lectio : pour que la Parole agisse véritablement en nous et façonne notre cœur, il faut veiller à laisser des temps de silence personnels. Il faut compter au moins 20 minutes pour la lectio.
  • Le choix du texte : ici, il s’agit d’un passage de l’évangile de saint Matthieu mais vous pouvez choisir de prendre un autre texte de la Bible, ancien ou nouveau testament. Le mieux est d’imprimer le texte pour que chacun l’ait en main et puisse le « travailler » avec des crayons s’il le souhaite.

Déroulé de la lectio

  • Pour entrer dans la lecture priante, marquer son corps d’un signe de la croix.
  • Chanter un refrain à l’Esprit Saint pour lui demander de disposer son cœur et son intelligence à accueillir ce que le Seigneur veut dire à chacun. Il est également possible de prendre un autre refrain comme : Heureux, bienheureux, qui écoute la Parole de Dieu. Heureux, bienheureux, qui la garde dans son coeur.
  • Faire silence, puis lire le verset d’Isaïe : « Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire » (Is 50, 4).
Premier temps

Celui de la lectio (lecture) : un lecteur désigné à l’avance lit le texte, lentement, avec attention.

Chacun relit le texte plusieurs fois, en silence et s’interroge à l’aide la question : que dit en soi le texte biblique ?

  • Travail autour du texte à partir des questions suivantes :

Qui parle ? Quel est le Fils de l’homme, le berger, le Roi ?

Quels sont les autres protagonistes ?

Comment comprendre qui sont les « bénis » et « les maudits » ?

Quels sont les gestes que le Roi énumère et qui semblent décisifs ?

Quel est le critère du jugement ?

Qu’est-ce qui vous surprend aux versets 40 et 45 ?

Qu’est-ce qui est promis aux bénis ? Qu’arrivera-t-il aux maudits ?

  • Quelques éléments pour situer le texte :

Ce passage se situe à la fin de l’évangile selon saint Matthieu et s’insère dans un récit plus large où Jésus annonce la fin des temps. Depuis que, à Césarée de Philippe, Pierre a confessé sa foi « tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mt 16, 16), l’évangile nous rapporte que, désormais, Jésus s’adresse tout particulièrement à ses disciples. Il leur annonce, par trois fois, sa Passion à venir et leur donne un enseignement sur le royaume. Ce qui est surprenant est que Jésus parle du royaume à venir mais qu’il affirme qu’il est déjà mystérieusement inauguré. En faisant de ses disciples ses interlocuteurs privilégiés, Jésus s’adresse déjà à l’Église constituée autour de la figure de Pierre.

  • Quelques éléments pour comprendre le texte :

Jésus se présente, dans cet évangile, comme le Messie, le Roi qui jugera toute l’humanité. Ce Roi, comparé à un berger, séparera les brebis des boucs. Aux justes qui s’étonnent des paroles que le Roi leur adresse (Mt 25, 34-36), ce dernier leur répond : : « En vérité, je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (25, 40).
Le même dialogue s’instaure avec les réprouvés à l’issue duquel le Roi leur fait la même réponse qu’aux Justes mais en négatif : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait » (Mt 25, 45).

Cette présentation du jugement dernier, universel, est destiné aux disciples, c’est-à-dire aux croyants, en vue de présenter le critère de ce jugement. Six gestes sont ici nommés par Jésus : donner à manger, donner à boire, accueillir l’étranger, vêtir celui qui n’a rien, soigner les malades et visiter les pauvres. Des attitudes et des actions simples et qui répondent à une urgence qui place tout homme face à la question : « quel est le plus petit de mes frères ? » Jésus semble désigner toute personne en détresse, icône du Christ lui-même. Le critère que Jésus nous donne est bien celui de la miséricorde, « centre de la Révélation de Jésus-Christ, [qui] révèle le mystère même de la Trinité » (Directoire pour la catéchèse 51). En définitive, Jésus nous dit que le jugement se joue dès à présent, dans le vécu quotidien de chacun d’entre nous, dans le respect du commandement de l’amour, dans la fidélité à la Parole du Seigneur. L’attention portée au besoin du plus petit est le lieu où doit s’exercer la charité chrétienne. Elle est le critère de notre salut.

Au terme de cette première étape, prendre un temps de silence pour faire résonner les paroles de l’évangile en soi.

Reprendre ensemble le refrain du début ou un autre.

Deuxième temps

Celui de la meditatio (méditation) : entrer dans la méditation à l’aide de la question : que nous dit le texte biblique ?

  • Questions pour entrer dans ce temps :

Et moi, quels sont les gestes qui m’ont été demandés et qui correspondent à ceux dont parle Jésus dans l’Évangile ?

Est-ce que je peux visualiser le visage de l’un de ces petits qui s’est présenté sur ma route ?

Ai-je été, moi, l’objet de l’un de ces gestes de miséricorde ? Qu’est-ce qu’ils ont provoqué en moi ? Comment les ai-je interprétés ?

Est-ce que je me suis déjà représenté le jugement à la façon dont Jésus le présente ? Est-ce que cela me surprend ? Me choque ? M’effraie ? Me déplace ?

  • Chacun peut, au terme d’un temps de silence où il essaie de répondre pour lui-même aux questions, choisir de dire à haute voix un mot ou une parole qui le touche davantage.

On peut également répéter ce mot ou cette phrase dans le silence de son cœur pour le remâcher et s’en laisser imprégner.

Au terme de cette deuxième étape, prendre un temps de silence pour faire résonner les paroles de l’évangile en soi.

Reprendre ensemble le refrain du début ou un autre.

Troisième temps

Celui de l’oratio (prière) : entrer dans la prière avec la question : Que disons-nous au Seigneur en réponse à sa Parole ?

Au terme de ce troisième temps, prendre un nouveau temps de silence pour entrer dans ce moment de dialogue intime avec Dieu qui se tient là, présent au plus intime de nous-mêmes, dans notre cœur.

Reprendre ensemble le refrain du début ou un autre.

Quatrième temps

Celui de la contemplatio (contemplation) : entrer dans la contemplation en lui demandant, humblement : « Quelle conversion de l’esprit, du cœur et de la vie nous demandes-Tu, Seigneur ? »

Relire une nouvelle fois le texte, avec le même regard que le Seigneur, et se laisser travailler par l’appel personnel que le Seigneur nous adresse.

Prendre un nouveau temps de silence.

  • On pourra, si on le souhaite, conclure ce quatrième temps en lisant ce que le pape François dit de cet évangile :

« Enfin, un mot sur le passage du Jugement dernier dans lequel est décrite la deuxième venue du Seigneur, quand il jugera tous les êtres humains, vivants et morts (cf. Mt 25, 31-46). L’image utilisée par l’évangéliste est celle du pasteur qui sépare les brebis des chèvres. À droite sont placés ceux qui ont agi selon la volonté de Dieu, en secourant leur prochain qui a faim, qui a soif, qui est étranger, nu, malade, emprisonné — j’ai dit « étranger » : je pense aux nombreux étrangers qui sont ici dans le diocèse de Rome : que faisons-nous pour eux ? — alors qu’à gauche vont ceux qui n’ont pas secouru leur prochain. Cela nous dit que nous serons jugés par Dieu sur la charité, sur la manière dont nous l’aurons aimé chez nos frères, en particulier les plus faibles et démunis. Assurément, nous devons toujours bien garder à l’esprit que nous sommes justifiés, nous sommes sauvés par la grâce, par un acte d’amour gratuit de Dieu qui nous précède toujours ; tout seuls nous ne pouvons rien faire. La foi est avant tout un don que nous avons reçu. Mais pour porter des fruits, la grâce de Dieu demande toujours notre ouverture à Lui, notre réponse libre et concrète. Le Christ vient nous apporter la miséricorde de Dieu qui sauve. Il nous est demandé de nous confier à Lui, de répondre au don de son amour par une vie bonne, faite d’actions animées par la foi et par l’amour.

Chers frères et sœurs, envisager le Jugement dernier ne doit jamais nous faire peur ; au contraire, cela nous pousse à mieux vivre le présent. Dieu nous offre avec miséricorde et patience ce temps, afin que nous apprenions chaque jour à le reconnaître chez les pauvres et chez les petits, afin que nous nous prodiguions pour le bien et que nous soyons vigilants dans la prière et dans l’amour. Que le Seigneur, au terme de notre existence et de l’histoire, puisse nous reconnaître comme des serviteurs bons et fidèles. Merci.

– Pape François, audience générale du 24 avril 2013

  • Au terme de la lectio, terminer par un Je vous salue Marie et rendre grâce à Dieu en chantant.
  • Se signer à nouveau pour marquer la fin de ce temps.

Avec des enfants

Les étapes sont les mêmes mais ils peuvent avoir besoin de s’exprimer différemment :

  • leur demander par exemple de dire le mot qui les touche ou de l’écrire et de venir déposer le papier près de la bible ou encore de le dessiner. Insister sur les gestes de miséricorde et leur demander ce que cela signifie pour eux
  • ne pas craindre de bien marquer les temps de silence et, si nécessaire, de chanter le refrain à plusieurs reprises avec eux
  • leur donner la parole sans crainte : leurs questions et leurs remarques sont les voies par lesquelles ils peuvent exprimer que Dieu leur parle et les rejoint. Nous ne sommes pas ici sur le registre du savoir mais bien dans un cœur à cœur avec le Seigneur qui parle à chacun
Isabelle Perrier, SNCC
Polyptyque du Jugement dernier, Rogier van der Weyden. Hôtel-Dieu de Beaune (21).

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