Relire l’itinéraire catéchuménal à partir du témoignage d’une néophyte

Frédérique Fauvel

Frédérique, néophyte, a témoigné de son cheminement catéchuménal et des dons et fruits reçus de l’Esprit-Saint par le baptême devant des milliers de catéchistes du monde entier lors du Jubilé de la miséricorde à Rome en septembre 2016 à la basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs. Un itinéraire catéchuménal à travailler à partir de quelques questions.

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Lire le témoignage de Frédérique

« Pour écrire ce témoignage, je me suis replongée dans le carnet, que je tenais pendant mon catéchuménat. J’ai constaté alors, tout le chemin parcouru. Je rends grâce au Seigneur de m’avoir accueillie dans son Eglise et pour ceux qu’Il a mis sur ma route de catéchumène.

Je n’ai pas été baptisée dans ma petite enfance mais, j’ai grandi dans une famille culturellement catholique. Ma grand-mère maternelle était très pieuse et répondait à mes questions sur la foi. Je correspondais avec ma grand-tante, religieuse, dont la bienveillance n’est pas étrangère à ma conversion.

Plus jeune, je me demandais pourquoi je n’étais pas baptisée, j’avais un intérêt marqué pour les questions religieuses. La joie partagée lors des mariages, à chanter lors des cérémonies m’ont poussée à frapper à la porte de l’Eglise. Le déclic lui, eut lieu lors du baptême d’Ambroise, le fils d’une amie. Devant le manque de volontaires pour lire « la Séquence de la Pentecôte », le père du petit me demanda de lire, ce très beau texte qui, me transporta par sa beauté. A cet instant, je me sentis touchée par la grâce.

Et là, je me suis demandée : comment faire pour recevoir le baptême ? Après quelques recherches sur internet, – soit dit en passant, quand on sait que la grande majorité des catéchumènes ont entre 20 et 35 ans, l’information digitale sur le catéchuménat est, à mon avis, primordiale.

J’ai d’abord fait une première expérience dans une paroisse où, les réunions de catéchuménat m’ennuyaient beaucoup, je suis alors allée dans une autre paroisse, où ce fut une belle rencontre avec le curé et aussi avec la responsable du catéchuménat. Je me rendis alors compte à quel point il est difficile de verbaliser, exprimer, expliquer sa foi. La pratique de la lectio divina avec mon accompagnatrice, les échanges avec elle et les autres catéchumènes m’ont permis de comprendre et de mieux exprimer ma foi.

Il est important pour un adulte de recevoir une formation solide, adaptée au monde dans lequel il vit et qui peut nourrir sa foi. Et puis, il faut aussi mettre en avant l’importance du témoignage et du dynamisme de la personne qui m’a accompagnée et qui m’a aidée à trouver ma place dans l’Eglise.

Cela a été une grande joie de partager mon catéchuménat avec elle, avec qui je me suis si bien entendue et qui a su répondre à mes interrogations, me soutenir et donner de son temps pour être à mes côtés dans les grandes étapes de ma conversion. L’accompagnateur a un rôle essentiel. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir une personne aussi investie à mes côtés.

Les accompagnateurs redécouvrent leur foi face aux interrogations et remarques du catéchumène. Par exemple, je trouvais que, parfois le Notre Père était récité assez machinalement à la messe. A une autre de nos rencontres, mon accompagnatrice me dit qu’elle avait pensé à moi quand, elle récitait, un peu distraite, le Notre Père à la messe.

Je pense que l’accueil des catéchumènes est important. Il doit pouvoir correspondre à chacun selon son parcours dans le cadre fixé par l’Eglise.

Pendant le Carême, nous sommes allés faire une retraite à la basilique du Sacré Cœur. Cela fut une belle découverte et un moment de paix pendant la nuit d’adoration. Le lendemain, les catéchumènes ont pu réfléchir, entre eux, sur les textes proposés avant le retour des paroissiens accompagnants et du prêtre. Cela nous a permis de parler et débattre plus librement avant que le prêtre réponde à nos interrogations et enrichisse de ses remarques, les débats que nous avions eus.

La veillée pascale fut une soirée très spéciale, j’étais un peu inquiète même si la joie primait. Après la cérémonie, les paroissiens m’ont témoigné leur sympathie avec des attentions que je ne m’attendais même pas à recevoir : mots de félicitations, présents, marque de sympathie.

Il ne faut pas sous-estimer l’accompagnement des nouveaux baptisés, même s’il est plus léger, il permet de créer une douce transition. J’avais peur d’être livrée à moi-même après mon catéchuménat. Mon accompagnatrice m’avait aidée à préparer l’après-baptême. Je souhaitais m’investir auprès des plus fragiles. Dès le mois de janvier, j’ai commencé à apporter des colis alimentaires à une personne âgée, isolée et qui avait du mal à se déplacer avec la Société Saint Vincent de Paul.

Ensuite je me suis engagée au sein de l’association Aux captifs la libération. Avec mon binôme, nous visitions les personnes de la rue, tous les jeudis soir pour discuter et les resocialiser. Avant de partir en tournée, j’apportais une prière nouvelle chaque semaine, en lien avec la charité puis nous disions un Notre Père.

Je suis en train de déménager dans le diocèse de Nanterre, j’espère pouvoir continuer, dans la charité du Christ, à servir les personnes de la rue. J’attends de l’Eglise qu’elle m’accompagne et nous réunisse avec mes frères et sœurs pour que nous œuvrions auprès des plus humbles.

Après une riche année de catéchuménat, j’ai eu besoin de digérer et de m’approprier les enseignements que j’avais reçus.

Pour ce faire, je suis retournée, plusieurs fois, seule, en nuit d’adoration à la Basilique du Sacré-Cœur et je prends le temps de prier dans le métro, une prière différente chaque jour pour éviter la monotonie et un Notre Père pour communier avec tous les chrétiens.

Aussi, le baptême m’a donné toute ma place au sein de l’Eglise, je me sens plus libre et plus légitime pour exprimer mes points de vue sur ma foi que lorsque j’étais catéchumène.

Après mon baptême, j’ai pris conscience du fait que, pendant la célébration, je ne m’étais jamais sentie aussi proche du Seigneur. Sachant qu’Il avait toujours été avec moi pendant mon cheminement, j’ai réalisé que le baptême achevait d’ouvrir mon cœur, pour accueillir Jésus.

Le baptême m’a apaisée. Je ne cherchais plus, j’avais rencontré Jésus.

Pour terminer, je dirai que le catéchuménat m’a permis de définir les fondements de ma foi : Joie, Paix, Amour et Partage ! »

Questions et échanges autour du témoignage :

Pour échanger entre accompagnateurs sur le témoignage :

  • Quels sont les éléments qui ont conduit Frédérique à entamer une démarche de catéchuménat ?
  • Quels sont les obstacles qu’elle a rencontrés ?
  • Quels sont les éléments qui ont favorisé la maturation de sa foi et pourquoi ? Quels points permettent de mesurer sa conversion ?
  • Que dit-elle des personnes qui l’ont accompagnée, de leur manière d’accompagner, de leur foi ?
  • Que dit-elle de la communauté paroissiale ? De la vie en Église ? Comment cela nous fait réfléchir sur l’incorporation dans le peuple des baptisés ?
  • Dans le récit de Frédérique, comment retrouve-t-on les composantes de l’itinéraire catéchuménal ?

A ce sujet, lire : Quels sont les quatre appuis de la démarche catéchuménale ?

Les 4 composantes de l’itinéraire de type catéchuménal :

  • une catéchèse biblique qui éveille à la connaissance de Dieu ;
  • l’appel à la conversion personnelle suscitée par la Parole de Dieu ;
  • la rencontre d’une communauté vivante, par l’échange, le partage en groupe, la relation concrète à des témoins qui incarnent des manières de vivre en chrétien ;
  • une introduction à la prière et à la vie sacramentelle qui ouvre au mystère de Dieu et à l’amitié du Christ. (Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France, 2006)

Quelques questions pour aller plus loin :

Où peut-on voir les traces de l’Esprit-Saint dans le cheminement de Frédérique ? On pourra se référer aux numéros du CEC relatifs aux fruits et aux dons de l’Esprit ci-dessous. Comment tout cela interroge l’accompagnement que je fais ? En quoi suis-je conforté ?

En quoi suis-je interpellé ?

Catéchisme de l’Eglise catholique n°1830 à 1832 : Les dons et les Fruits du Saint-Esprit

1830 La vie morale des chrétiens est soutenue par les dons du Saint-Esprit. Ceux-ci sont des dispositions permanentes qui rendent l’homme docile à suivre les impulsions de l’Esprit Saint.

1831 Les sept dons du Saint-Esprit sont la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu. Ils appartiennent en leur plénitude au Christ, Fils de David (cf. Is 11, 1-2). Ils complètent et mènent à leur perfection les vertus de ceux qui les reçoivent. Ils rendent les fidèles dociles à obéir avec promptitude aux inspirations divines. Que ton Esprit bon me conduise sur une terre unie (Ps 143, 10). Tout ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu… Enfants et donc héritiers ; héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ (Rm 8, 14. 17).

1832 Les fruits de l’Esprit sont des perfections que forme en nous le Saint-Esprit comme des prémices de la gloire éternelle. La tradition de l’Église en énumère douze :  » charité, joie, paix, patience, longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence, chasteté  » (Ga 5, 22-23 vulg.).

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