Collégiens et lycéens en chemin pour devenir chrétiens
1011 adolescents se préparent à recevoir les trois sacrements de l’initiation chrétienne (baptême, confirmation et eucharistie), lors de la nuit de Pâques, le 4 avril 2015. C’est ce que montre l’enquête menée auprès des diocèses de France métropolitaine.
Ces dernières années, plusieurs diocèses (une vingtaine, en 2015) proposent à des jeunes le même cheminement que celui que vivent les adultes. Au cours du carême, leur évêque procède à un appel décisif. Ce moment est un temps fort pour l’Église locale. Aussi, voit-on se multiplier cette proposition d’un « catéchuménat des jeunes ».
Deux témoignages, celui des diocèses de Meaux et de Versailles, permettent de mieux cerner cette réalité. Leur expérience est différente bien qu’appartenant à la même province apostolique.
- A Meaux, 95 jeunes appelés en 2015
- A Versailles, 150 jeunes appelés en 2015
A Meaux, 95 jeunes appelés en 2015
« Que des collégiens ou des lycéens demandent le baptême ou la communion est une réalité qui peut surprendre. Or, ils sont de plus en plus nombreux, sans formation ni éducation chrétienne. Parfois, ils ont bénéficié d’ambiances religieuses familiales.
Le point commun : « je veux être baptisé (e) », « je veux faire ma communion ». La proposition est ensuite la même : permettre de découvrir la vie chrétienne, l’Évangile et le Christ, la communauté chrétienne et l’Église, le service des autres. Ils ont envie de vivre ces dimensions mais ne les connaissent pas. S’ils ont fait un peu de catéchisme, souvent ils disent avoir oublié ce qui leur a été dit.
Pour ceux et celles qui ont été baptisés à la naissance, les parents n’ont pas suivi l’engagement de les inscrire au catéchisme. Soit les parents n’ont pas mis leurs enfants au catéchisme (le plus courant), soit les parents disent: « pour que notre enfant soit libre, on a préféré attendre qu’il soit grand ». Cette année, deux adolescents ont pu dire à leurs parents : « Cela m’aurait intéressé d’aller au catéchisme. J’ai perdu du temps ».
Conviction : les jeunes sont là. Avec leurs hauts et bas, ils font vraiment le choix. Si cela ne leur plaît pas ou s’ils le font sous une pression, ils ne resteront pas. Sur 10 ans, un jeune a arrêté en fin de première année. Cette année, ils sont 8 : 4 collégiens, 4 lycéens. »
Qui sont ces jeunes de Meaux bientôt chrétiens ?
A., 17 ans, est en terminale. Il est fils unique. Il vit seul avec sa maman. Il a lu tout seul la bible puis il est allé voir sa mère pour lui dire: « Je veux être baptisé ». Celle-ci nous a téléphoné pour dire: « qu’est-ce que je fais ? » A. a fait une très belle lettre pour l’appel décisif. Il passe son baccalauréat cette année.
S., 13 ans, se prépare à recevoir l’Eucharistie. Elle s’épanouit au catéchuménat. Elle bénéficie d’une famille (Cap vert) qui prie de temps en temps en famille. Quand elle revient de la réunion du catéchuménat, sa maman demande ce qu’elle a fait et lui demande les documents. S. explique à sa famille ce qu’elle a fait et il arrive que la famille relise ensemble un texte travaillé au catéchuménat.
C., 15 ans, famille congolaise, en lycée se prépare au baptême depuis deux ans. Elle suit toutes les rencontres, découvre petit à petit, trouve que « ça passe vite », suit épisodiquement l’aumônerie mais s’émerveille de ce qu’elle découvre après chaque rencontre. Elle trouve sa cohésion avec la petite équipe de lycéens en catéchuménat mais a du mal avec la communauté paroissiale locale. Elle se retrouve avec deux amies. L’une d’elle l’a accompagnée avec son père et son parrain pour l’appel décisif à la cathédrale de Meaux, l’autre amie est musulmane et elle échange avec elle.
A Versailles, 150 jeunes appelés en 2015
« Majoritairement, ces jeunes se sont mis en route grâce à leur environnement familial proche ou élargi. La famille reste un lieu source avec, bien souvent avec la présence d’une tradition familiale chrétienne même si les parents s’en sont éloignés. Le rôle des grands-parents est à noter : il favorise la mise en route du questionnement. Certains parents ont fait le choix de laisser leur enfant demander le baptême librement. Dans ce cas, si le cadre familial est pratiquant, le jeune a généralement laissé se développer en lui une vraie vie de foi (pratique de la prière, voire présence à l’Eucharistie). Son baptême vient alors comme un aboutissement, une suite logique de ce qu’il vit. Si le cadre familial est neutre, le jeune vit un véritable catéchuménat en découvrant tout ce qui concerne la foi : l’histoire sainte, la pratique religieuse, l’Eglise, etc. «
Ce qui provoque chez ces jeunes la demande à recevoir les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie :
- Le décès d’un proche. Cet événement provoque certaines fois la famille a renouer avec une pratique religieuse. Et bien souvent, la demande de baptême que formule un jeune en découle. Des questions existentielles peuvent surgir et de la recherche engagée découle une découverte de Dieu et un désir de lui appartenir en chrétien.
- Les célébrations religieuses des proches, plus exactement baptêmes, communions, mariages. Ce sont des moments d’interpellation et même d’expérience spirituelle qui invitent à la mise en route. Joue « le sentiment d’exclusion ». Le jeune constate qu’ « ils sont tous baptisés dans ma famille, mais pas moi et je me sens exclu ». Cette année, parmi ces jeunes qui ont exprimé ce ressenti, cinq originaires du Burkina Faso ont évoqué le baptême récent de leurs parents, frères ou sœurs. En fait, dans ce cas précis, ce sont des familles entières qui reçoivent le baptême après leur arrivée en France et qui, par leur conversion, suscitent un désir profond chez ou tel jeune.
– Les amis, les camarades. Leur influence est forte. Leur témoignage de vie joue tout autant que les discussions ou les engagements religieux (profession de foi, confirmation) qu’ils prennent. En partageant leur approche, ces ‘aînés dans la foi’ «donnent envie ». Par endroits –notamment en Enseignement Catholique, cette fonction d’aîné dans la foi est mise en œuvre ; un ‘plus avancé’ parraine le jeune catéchumène, l’accompagne à la messe, dans des lieux de prière. Leur influence est positive.
– Les catéchistes. Bien souvent ces femmes sont nommées par les jeunes qui s’inscrivent en aumônerie ou en catéchèse. Ce sont leurs explications ainsi que leur engagement de vie qui permettent aux jeunes de formuler leur demande. Il y a chez les catéchistes une façon d’être qui provoque l’envie d’en savoir plus. Et quelques jeunes, mus initialement par un intérêt ou une curiosité d’ordre intellectuel viennent à découvrir, grâce à ce témoignage d’adultes, un amour de Dieu et un désir de suivre le Christ.
– Les mouvements de jeunes : scoutisme, MEJ, servants de messe, visites à Lourdes, FRAT, Camp des jeunes, pèlerinage à Lisieux sont aussi plébiscités : ils sont des moyens qui permettent d’approfondir une quête spirituelle. Beaucoup de jeunes eux disent qu’ils ont été touchés par l’amour de Dieu, certains ont entendu un véritable appel. Un attachement à la personne du Christ, ou à la Vierge Marie, voire au Padre Pio ou à Ste Faustine peut se nouer. Il reste que le fait de découvrir la Parole de Dieu, assister à l’Eucharistie sont des événements fondateurs sur lesquels se greffe la demande de baptême.
Après les sacrements, ces jeunes veulent s’engager dans leur vie de chrétien
Comment progresser dans la foi, mieux connaître le Christ sinon en s’engageant à l’égard d’une pratique religieuse ? Si beaucoup parlent de la messe, presque tous ont une vie de prière qui leur permet de rester en relation avec Dieu. Quelques-uns envisagent de continuer la catéchèse ou les activités de l’aumônerie, le scoutisme, le service de la messe. D’autres saisissent qu’approfondir la Bible est nécessaire.
Vivre en chrétien est un vrai sujet pour eux et entre eux. C’est pourquoi, au-delà de ces quelques engagements relativement personnels, il est juste d’ajouter qu’ils sont touchés par l’attitude des disciples du Christ qui s’engagent dans des œuvres de charité, dans la vie de l’Eglise, auprès du prochain. Cette génération de jeunes attend que Dieu adoucisse leur cœur, qu’il leur donne la force de pardonner aux autres et de rester dans le droit chemin.