A la lumière d’Amoris Laetitia, épisode 2 : Réalité, défis et vocation de la famille
Cet article s’inscrit dans une série destinée aux accompagnateurs du catéchuménat.
Dans le préambule de l’encyclique Amoris Laetitia, le Pape annonçait : « Je commencerai par une ouverture inspirée par les Saintes Écritures, qui donne un ton approprié. De là, je prendrai en considération la situation actuelle des familles en vue de garder les pieds sur terre. Ensuite, je rappellerai certains éléments fondamentaux de l’enseignement de l’Église sur le mariage et sur la famille. » (AL6).
Avant de poursuivre la lecture d’Amoris Laetitia (AL) avec les chapitres 2 et 3, nous pouvons nous laisser interroger, personnellement et en équipe, par l’organisation des trois premiers chapitres. En effet, celle-ci n’est pas neutre et émane d’un choix du Pape. Comment est-ce que je reçois cette organisation ? Selon moi, que souhaite indiquer le Pape par ce choix ?
Lecture du chapitre 2 : « La réalité et les défis de la famille »
Le pape y reprend les observations recueillies lors des deux synodes sur la famille et y ajoute «d’autres préoccupations qui proviennent de mon regard personnel.» (AL31). Cette longue présentation, au-delà de l’intérêt qu’elle présente pour notre connaissance de la situation actuelle de la famille et de ses défis, a pour but de « réveiller une créativité missionnaire » (AL57).
AL36 : « Nous avons présenté un idéal théologique du mariage trop abstrait, presque artificiellement construit, loin de la situation concrète et des possibilités effectives des familles réelles. »
Le terme « idéal » prend ici un sens négatif qui peut-être déroutant. Quel est donc cet idéal du mariage trop abstrait ? En fait, le Pape ne remet pas en question l’idéal du mariage et, au paragraphe précédent, il rappelle que « entant que chrétiens nous ne pouvons pas renoncer à proposer le mariage. » (AL35). Ce qu’il remet en question, ce sont les pratiques pastorales qui le présentent comme un idéal abstrait, un idéal éloigné de la vie de l’homme.
Ces propos du pape invitent à nous interroger sur nos pratiques pastorales lors des accompagnements en catéchuménat : celles-ci prennent-elles suffisamment en compte la vie des personnes accompagnées ? Acceptons-nous de nous défaire de nos automatismes pastoraux pour, d’abord, écouter et rejoindre chaque personne dans ce qu’elle est ? Faisons-nous preuve, pour chacun et pour nous, de « créativité missionnaire » (AL57) ?
AL 37 : « Nous avons cru qu’en insistant seulement sur des questions doctrinales, bioéthiques et morales, sans encourager l’ouverture à la grâce, nous soutenions déjà suffisamment les familles, consolidions le lien des époux et donnions sens à leur vie commune. Nous avons du mal à présenter le mariage davantage comme un parcours dynamique de développement et d’épanouissement, que comme un poids à supporter toute sa vie. »
Cette question du Pape rejoint tout accompagnement vers les sacrements. Le pape souligne l’importance du travail continu de la grâce dans l’accompagnement et la vie sacramentelle. Qu’est-ce qui me rejoint dans cette insistance du pape? En quoi celle-ci m’interpelle, me réconforte, me donne d’avancer dans ma manière d’accompagner vers les sacrements ?
AL 37 : « Nous sommes appelés à former les consciences, mais non à prétendre nous substituer à elles. »
Cette phrase peut résonner comme un reproche. Mais l’enjeu est sans doute autre. N’est-ce pas l’occasion de faire une relecture de nos pratiques pastorales afin de mieux accompagner chacun vers la liberté qu’offre le Christ ?
Lecture du chapitre 3 : « Le regard posé sur Jésus, la vocation de la famille »
« Ce bref chapitre recueille une synthèse de l’enseignement de l’Église sur le mariage et la famille » (AL60), enrichi par la réflexion des Pères lors du synode sur la famille. Sa lecture attentive permet de mieux connaître les fondements et les enjeux de cet enseignement.
AL 59 : « Le mystère de la famille chrétienne ne peut pas non plus se comprendre pleinement si ce n’est à la lumière de l’amour infini du Père manifesté dans le Christ qui s’est donné jusqu’au bout et qui est vivant parmi nous. »
Saisir ce à quoi nous sommes appelés est indissociable de notre foi au Christ rédempteur, indissociable de la relation que chacun noue avec Jésus-Christ sauveur. En quoi l’insistance du pape sur la primauté du kérygme dans toute catéchèse interroge-t-elle ma façon d’accompagner ?
AL 73 : « Le sacrement n’est pas une « chose » ou une « force », car en réalité le Christ lui-même vient à la rencontre des époux chrétiens par le sacrement du mariage. Il reste avec eux, il leur donne la force de le suivre en prenant leur croix sur eux, de se relever après leurs chutes, de se pardonner mutuellement, de porter les uns les fardeaux des autres.»
En quoi cette phrase peut-elle éclairer la remarque du pape au chapitre précédent concernant «l’idéal théologique du mariage trop abstrait » ?
AL 77 : « En assumant l’enseignement biblique selon lequel tout a été créé par le Christ et pour le Christ (cf. Col 1, 16), les Pères synodaux ont rappelé que l’ordre de la rédemption illumine l’ordre de la création. Le mariage naturel se comprend donc pleinement à la lumière de son accomplissement sacramentel: ce n’est qu’en fixant le regard sur le Christ que l’on connait la vérité sur les rapports humains. »
En quoi ce passage peut-il m’aider à accompagner dans le désir du sacrement du mariage celui qui découvre Jésus-Christ rédempteur ?
Bonne lecture en nous laissant impliquer par les propos du pape !