Première annonce : l’Église dans une dynamique de « sortie » et de « portes ouvertes »
De quelle manière une Première annonce peut-elle surgir comme le bénéfice collatéral d’une initiative paroissiale ? Elle s’inscrit alors naturellement dans la dynamique de « sortie » de l’Église dont parle tant le pape François dans l’exhortation La Joie de l’évangile.
Ainsi, apprenant que nombreux étaient ceux qui n’osaient pas entrer dans une église pour demander quelque chose, une « sortie » sur le parvis s’est imposée pour les inscriptions au caté. Quelques tables et quelques heures dehors ont permis de faire l’expérience de la rencontre avec les parents, les enfants et finalement le tout-venant qui passait par là. Quelques heures pour prendre goût au rendez-vous imprévu, au témoignage inattendu reçu et donné, à l’écoute des plaintes et des confidences enfouies, pour découvrir sa capacité à formuler sa foi et la joie d’être là tout simplement.
D’autres expériences de première annonce de l’Église « en sortie » ont suivi, organisées comme des opérations d’évangélisation. A l’occasion de fêtes profanes : la Fête de la musique ou la Nuit blanche, lors de temps ou fêtes liturgiques comme l’Avent avec crèche à l’extérieur, chants, boissons chaudes, présence de baptisés ou encore pour honorer des traditions comme le partage des crêpes à la chandeleur, toujours sur le parvis.
Ces occasions de première annonce ont des points communs.
- Extérieur et intérieur de l’église s’articulent avec des couleurs différentes.
L’extérieur permet l’invitation et l’intérieur, marquant une rupture avec le rythme du monde et le bruit de la ville, est propice à une entrée dans l’inhabituel. On y propose concert, itinéraire biblique et spirituel, soirée de prière, productions artistiques, échanges, réflexions ou simplement présence accueillante.
- La prière est au cœur de ces actions, souffle porteur et invisible :
Prière d’envoi des « missionnaires » ; prière pendant la mission : visible dans l’église, invisible quand, envoyés deux par deux, l’un parle et l’autre prie, ou quand cette intention est confiée à un « monastère invisible », chaîne de prière à domicile ; prière de retour de mission, lorsque vient le temps de se mettre à l’écart pour se reposer, raconter et rendre grâce.
- La parole de Dieu irrigue ces projets :
Les envoyés se préparent en la travaillant, la priant, la méditant et elle peut être le point de départ d’échanges avec ceux que l’on croise. Donnant lieu à de nombreuses interprétations artistiques comme autant de commentaires et de dialogues entre Écriture et arts, elle invite le spectateur à entrer dans cet échange.
- Car ces propositions sont pensées pour des personnes loin de l’Église :
Le langage et le contenu sont adaptés et progressifs pour entrer dans une expression de la foi. Outre la parole de Dieu et l’expression artistique, on s’appuie sur des médiations particulières comme la culture, le patrimoine, l’histoire, la piété populaire ou encore la vie et les services de la paroisse. Des gestes simples, accessibles à tous, peuvent être proposés pour aller un pas plus loin que la simple visite : écrire une intention de prière dans un livre dédié, déambuler en suivant un parcours, mettre un cierge, se recueillir devant une statue de la Vierge Marie, recevoir une bénédiction ou une prière à garder, proposer de prier ensemble pour un être cher.
Les « portes ouvertes » de l’Église
« L’Église en « sortie » est une Église aux portes ouvertes » nous dit le Pape (Evangelii Gaudium n°46).
Il est étonnant de constater le pouvoir attractif des églises ouvertes la nuit. Refuge, horaire décalé d’un lieu perçu intuitivement comme habité par certains pourtant bien loin de toute pratique religieuse ; qui sait ? Combien de Nicodème entrent la nuit tombée poussés par on ne sait quelle quête ? C’est un moment favorable pour une vraie rencontre attendue parfois depuis longtemps.
A nous de nous rendre disponibles à la rencontre si nous décidons cette ouverture. J’ai vu des personnes venues de toute part, de toutes confessions, la nuit où s’est éteint Jean-Paul II. Elles affluaient vers l’église de leur quartier comme s’il était évident qu’elle serait ouverte. Nous leur proposions si elles le souhaitaient un geste qui traverse de nombreuses traditions : déposer une bougie au pied de l’autel pendant que se déroulait la prière de l’Église. Nombreux sont ceux qui ce soir-là ont trouvé un chemin de réconfort dans le recueillement et la chaleur de cette prière spontanée.
Des communautés chrétiennes investissent des rendez-vous plutôt patrimoniaux comme La Nuit des églises en juin et juillet ou les Journées Européennes du Patrimoine en septembre. Les Français sont fiers de leur patrimoine et ils aiment l’histoire. Il y a tant de choses à raconter dans et sur nos églises dont l’histoire est toujours rattachée à la grande histoire, à l’histoire de la ville ou du village où elles se tiennent. Cette porte permet de livrer des clés pour décrypter le sens du bâtiment et de ce qui s’y vit. C’est l’occasion de dire que bien plus qu’un monument, il est l’expression de la foi des chrétiens et le lieu où ils célèbrent le Dieu vivant aujourd’hui. Les pastorales du tourisme et de l’art sacré œuvrent dans de nombreuses églises prestigieuses ou modestes par la présence de passionnés prêts à accompagner, par la mise à disposition de documents simples ou de cartouches explicatifs dans les lieux importants de la liturgie.
Y a-t-il des fruits qui nous permettent de croire que nos « sorties » nous conduisent aux périphéries ? Quels sont-ils ? Nous ne moissonnons ni ne récoltons et pourtant … le premier bénéfice est pour nous-même : dire sa foi fait grandir la foi. Prier, travailler, œuvrer ensemble soude les membres d’une communauté. L’évangélisation participe à la communion des membres du Corps. C’est là le premier fruit.
D’autres suivront car « Voyez comme ils s’aiment » est un puissant témoignage au pouvoir attractif. La croissance spirituelle est bien là mais la pâte lève sans bruit. Soyons attentifs, c’est notre récompense que de voir le Royaume se construire.