Congrès EuroCat : la question de l’intégration dans l’Église
Le congrès européen EuroCat s’est tenu du 30 avril au 4 mai 2009 à Vienne sur le sujet de l’intégration.
Retour du congrès EuroCat où se sont retrouvés les délégués de 22 pays d’Europe aux situations culturelles si diverses et dont les évolutions pastorales demeurent très liées à l’histoire politique et sociale de chacun d’eux. De fait pour nos Églises, c’est une richesse de pouvoir découvrir et confronter nos manières de vivre l’initiation chrétienne.
La problématique abordée était « l’intégration ». En effet la mission à la suite du Christ est de prendre en compte les attentes de celui qui veut devenir disciple. Quel que soit le pays, l’accueil est bien un enjeu important pour les personnes et les communautés ecclésiales.
L’intégration en question
Faut-il parler d’intégration, alors que cette notion peut sous-entendre une Église enclin à rétablir une chrétienté régnante et prônant que, hors d’elle-même, point de salut ? L’intégration de nouveaux membres serait alors un but en soi pour une Église se missionnant au bénéfice d’elle-même. Le congrès Eurocat de Vienne avait pourtant bien choisi cet intitulé-là.
L’initiation chrétienne, comme réalité sacramentelle, manifeste le Christ qui lui seul, par le baptême en son nom, adjoint de nouveaux membres à la communauté. Par l’Eucharistie, il fait des nouveaux baptisés les membres de son Corps et cela, pour toute la durée de la vie chrétienne. Cette réalité fondamentale n’exclut pas les facteurs humains qui facilitent ou freinent l’art de former une communauté où chacun se sente attendu.
Créativité, vitalité
A Vienne, plusieurs approches ont mis en évidence que ce qui se passe dans la société n’est pas sans correspondances avec ce qui se produit sur le plan ecclésial. Entre autres, Ursula Struppe, professeur en sociologie à Vienne, faisait remarquer la xénophobie qui existe en Autriche à l’égard des immigrés ; pourtant toutes les études démontrent que l’arrivée de ces personnes, en grand nombre, génère du développement social et économique. A long terme, l’interculturel est susceptible de produire de la créativité. Sur le plan de la communauté chrétienne, celle qui saura se recomposer avec ces nouveaux membres sera plus à même de trouver sa vitalité.
Crise bénéfique
L’approche psychologique par Hubert Findl soulignait que l’intégration est un mouvement des deux côtés : ceux qui intègrent de nouveaux membres et celui qui s’intègre. L’accueil fait vivre un commencement qui provoque à chaque fois une crise parce que le groupe a à se redéfinir et se recomposer. La capacité d’intégration passe par l’adoption du point de vue de l’autre. Pas pour être tous pareils mais pour accepter la différence, la reconnaître. En ce sens le conflit peut être facteur d’intégration car il permet de situer ce qui fait problème pour que chacun trouve sa place et soit acteur à sa manière de la vie commune.
Paroisse, communauté, communion
Johannes Panhofer, quant à lui, a donné une lecture ecclésiologique. L’intégration questionne ce que l’on entend par communauté. On emploie aussi bien les mots de paroisse ou de communauté pour dire la même chose, or ce sont deux réalités à ne pas confondre. La paroisse est une entité territoriale qui participe à l’organisation de la vie ecclésiale diocésaine. En ce sens, la notion d’ecclésialité n’est pas congruente avec celle de communauté. Dans la société, on fait communauté autour d’un intérêt qui fédère et pour y vivre de bonnes relations humaines. Tandis que dans l’Église, la communion est un mystère, elle se reçoit d’un Autre. Nos Églises sont signe du Royaume de Dieu par grâce du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Être membre d’une Église chrétienne rend participant à la marche du peuple de l’Alliance, c’est une question de relation entre Dieu et les hommes et aussi de relation d’hommes à hommes. Quand on parle d’intégration, c’est en fonction de l’Église locale (le diocèse) que cela se réalise vraiment.
L’autre conséquence de cette réalité est de considérer le principe de pluralité. On peut entendre par communauté, un rapprochement de semblables tandis que dans l’ecclésia – rassemblement, ce n’est pas le modèle qui fait que l’on est « un » qui est le bon. La communion n’a de sens qu’en partant des différences des membres d’un même corps. Ce qui rend primordial l’accueil de l’autre comme frère avec sa différence.
Quand nous parlons d’intégration, quel modèle d’appartenance avons-nous ? Il ne s’agit pas d’inclusion mais de se reconnaître comme pèlerin dans un peuple en marche et membre d’un corps, Corps du Christ vivant aujourd’hui.
Avec les néophytes
Ce détour théologique n’a certes rien de nouveau mais il rappelle que nos efforts pour accueillir les néophytes demandent du discernement. Quand on dit qu’il y a échec d’intégration, qu’est-ce que cela veut dire ? La tradition de l’Église nous amène à la considérer comme un peuple de « désinstallés », en permanente conversion, et c’est là que chacun trouve sa place. De fait les néophytes ont quelque chose à dire et leur expérience a quelque chose à apporter à l’ensemble de la communauté.
En conclusion je cite Aloïs Schwarz, évêque de Klagenfurt : « Le catéchuménat introduit des personnes à la foi qui va par-delà la mort… Douées d’un charisme, ces personnes, par le processus du catéchuménat, sont guidées à ne pas devenir des fonctionnaires mais à rester dans le colloque continuel. C’est-à-dire qu’elles s’aperçoivent personnellement comme êtres vivants, gratifiées du don de Dieu. Lorsque nous rencontrons une personne qui désire être conduite à la foi, nous succombons souvent à l’erreur de lui donner un livre ou de l’inviter dans une salle de conférence. Alors qu’il vaut mieux la traiter comme le Bon Pasteur qui prend et porte la brebis dans ses bras. A notre époque, dominée par l’indifférence et l’anonymat, le dialogue attentif est irremplaçable. L’accompagnement catéchuménal nous en donne l’opportunité en requérant des rencontres personnelles, afin que la foi soit communiquée de personnes à personnes. « Comme il est bon et beau de voir vivre des frères ensemble dans la concorde » dit le psaume 133. Jésus plus tard dira : « Venez et voyez » … « Ils allèrent et virent où il habitait (Jean 1, 39). Les catéchumènes veulent connaître notre demeure et que celle-ci est en Dieu ».