Recevoir le Catéchisme de l’Eglise catholique comme « une symphonie »
A l’occasion de l’ouverture de l’Année de la foi et du 20e anniversaire du catéchisme de l’Eglise catholique, la Commission épiscopale de la Catéchèse et du Catéchuménat (CECC) organise pour tous les responsables diocésains chargés de l’annonce de l’évangile aujourd’hui, une journée nationale autour du Catéchisme de l’Eglise catholique, le 18 octobre 2012. Plusieurs des intervenants à cette formation témoignent de l’importance de ce texte, pour eux-mêmes, pour l’Église… Ici le père Etienne Michelin, du Studiium Notre Dame de Vie.
Trois questions au Père Etienne Michelin
Lors de la journée nationale de formation au « Catéchisme de l’Église catholique », le père Etienne Michelin, prêtre depuis 1987, enseignant chercheur en théologie systématique (Studium de Notre-Dame de Vie) est intervenu dans une interview filmée et produite par le CFRT-Jour du Seigneur sur le thème : « Le Catéchisme de l’Eglise catholique, l’un des fruits les plus importants du Concile Vatican II ». Il témoigne ici de sa belle rencontre avec ce texte essentiel à la transmission de la foi.
A la première lecture, comment avez-vous reçu le Catéchisme de l’Église catholique ?
J’appartiens à une génération qui a dû s’affronter à l’éclatement des savoirs (philosophiques, techniques, mathématiques, culturels…), ce qui donne une forte impression de dispersion. Et mon âme a donc aussi été, et est toujours prise, dans cette tension entre ces différents domaines. Ainsi, je m’interrogeais : est-il possible pour un baptisé de construire une unité dans sa vie, entre les différentes dimensions de son être et de son action ?
Et ma première impression à la lecture du Catéchisme de l’Église catholique a été de trouver un espace cohérent pour poser mon existence dans la lumière de l’Écriture sainte. Mais l’Écriture sainte lue dans la Tradition vivante, et expérimentée par les saints. J’ai trouvé ici un cadre et un dynamisme.
Que représente pour vous aujourd’hui personnellement ce Catéchisme ?
Je n’ai pas cherché à critiquer ce texte, mais à le goûter en quelque sorte. Je rends grâce au Catéchisme de m’expliquer les mots qu’il emploie. Prenez le mot « cœur », il en donne une définition magnifique. Et beaucoup d’autres aussi. Je suis comme nous tous confronté à la question d’un langage adapté. Mais je me demande s’il faut chercher des mots nouveaux… Nous n’avons pas besoin d’un langage qui se fane aussitôt qu’il a éclot. Nous avons besoin de redécouvrir le sens, de le faire nôtre.
Beau, utile et souple dans les expressions qu’il utilise, ce texte est pour moi une porte ouverte vers une maison, dans laquelle ma liberté fragile et l’éclatement de ma vie sont rejoints par l’unité du Christ. J’y reçois un éclairage, un accueil mais aussi des moyens concrets pour continuer à me construire. Ce texte est à la fois centrée sur la personne, sur l’appel que la personne entend, et donc vers Celui qui l’appelle, le Christ. Le Catéchisme est une symphonie …
S’il vous a tant interpellé, comment ce texte peut-il aussi être utile aux responsables de la catéchèse dans leur mission ?
Je répondrai ici à trois inquiétudes potentielles.
« Je ne peux pas tout transmettre ». Le Catéchisme est un cadeau formidable : tout n’est pas à inventer pour être davantage relier au mystère du Christ, et à son Église, et donc aux personnes vers lesquelles les responsables sont envoyées. Pour tout transmettre, il faut tout recevoir.
Grâce à la lecture de ce document, nous entrons avec notre propre instrument dans la grande symphonie ecclésiale. La personne avec laquelle nous échangeons pourra, elle aussi, prendre sa place avec un instrument différent, avec une partition spécifique, et entrer dans cette symphonie.
« Je ne suis pas digne ». Ce qui caractérise aussi le Catéchisme, c’est qu’il prend pleinement en compte l’expérience vivante des témoins du Christ, comme lieu où se vérifie son enseignement. Pour ces frères et soeurs aînés, la Parole est devenue esprit et vie. Aussi le Catéchisme nous aide à être authentique, et ainsi à oser transmettre beaucoup plus que ce nous comprenons.
« Je suis tout seul ». Personne n’est responsable seul de la mission de catéchèse, du catéchuménat, de l’évangélisation. C’est l’Eglise tout entière le sujet de l’acte catéchétique. Vraiment, authentiquement, nécessairement, chacun participe avec une efficacité féconde à cette mission ecclésiale qui nous dépasse. Le Catéchisme donne les moyens de dire « Nous croyons », avec exigence et dans l’exercice de notre liberté. C’est une sagesse, une grammaire.
Un extrait du CEC à méditer… à plusieurs peut-être?
2566 – « L’homme est en quête de Dieu. Par la création Dieu appelle tout être du néant à l’existence. Couronné de gloire et de splendeur (cf. Ps 8, 6), l’homme est, après les anges, capable de reconnaître qu’il est grand le Nom du Seigneur par toute la terre (cf. Ps 8, 2). Même après avoir perdu la ressemblance avec Dieu par son péché, l’homme reste à l’image de son Créateur. Il garde le désir de Celui qui l’appelle à l’existence. Toutes les religions témoignent de cette quête essentielle des hommes (cf. Ac 17, 27).
2567 – Dieu, le premier, appelle l’homme. Que l’homme oublie son Créateur ou se cache loin de sa Face, qu’il coure après ses idoles ou accuse la divinité de l’avoir abandonné, le Dieu vivant et vrai appelle inlassablement chaque personne à la rencontre mystérieuse de la prière. Cette démarche d’amour du Dieu fidèle est toujours première dans la prière, la démarche de l’homme est toujours une réponse. Au fur et à mesure que Dieu se révèle et révèle l’homme à lui-même, la prière apparaît comme un appel réciproque, un drame d’Alliance. A travers des paroles et des actes, ce drame engage le cœur. Il se dévoile à travers toute l’histoire du salut.
2568 – La révélation de la prière dans l’Ancien Testament s’inscrit entre la chute et le relèvement de l’homme, entre l’appel douloureux de Dieu à ses premiers enfants : “ Où es-tu ?… Qu’as-tu fait ? ” (Gn 3, 9. 13) et la réponse du Fils unique entrant dans le monde “ Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté ” (He 10, 7 ; cf. 10, 5- 7). La prière est ainsi liée à l’histoire des hommes, elle est la relation à Dieu dans les événements de l’histoire. »