Exhortation apostolique sur la Parole de Dieu : lecture croisée de Verbum Domini et du TNOC

Verbum Domini, exhortation apostolique de Benoît XVI, éd. Parole et Silence, 2011.

Verbum Domini, exhortation apostolique de Benoît XVI, éd. Parole et Silence, 2011.

Le père Luc Mellet conduit une lecture commentée de l’exhortation apostolique post-synodale de Benoît XVI Verbum Domini sur la Parole de Dieu pour en saisir les résonances avec le Texte national pour l’Orientation de la Catéchèse en France.

Introduction à la lecture de l’exhortation

Lire l’introduction ici

L’Exhortation apostolique post-synodale de Benoit XVI, Verbum Domini sur la Parole de Dieu (11 novembre 2010)

Le texte du pape sur la Parole de Dieu est un document riche et important pour notre responsabilité catéchétique. Je me propose de présenter sous le mode d’un petit Dossier à l’occasion, chaque mois, quelques aspects de ce document, pour partager avec vous l’écho de cette Exhortation croisée avec le Texte national. Et tout d’abord l’introduction… qui renouvelle notre « certitude intime : Jésus est la Sagesse de Dieu incarnée, il est sa Parole éternelle qui s’est fait homme sujet à la mort » (VD 5).

L’exercice de la responsabilité catéchétique conduit sans cesse à redécouvrir le sens de la Révélation nous dit le Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France (cf. TNOC p. 37 à 39). Il s’agit en effet d’accueillir par la foi et dans le concret de nos vies, un Dieu qui entre en dialogue et s’adresse aux hommes comme à des amis (cf. DV 2). Cette préoccupation du concile Vatican II1, exprimée des l’ouverture de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine, Dei Verbum est aussi la visée fondamentale de Benoit XVI dans l’exhortation post synodale Verbum Domini 1 et 22.

Ainsi, dans cette introduction, le pape souligne clairement combien la Parole de Dieu reçue et accueillie comme Verbe incarné édifie l’agir chrétien et ecclésial. Les évêques de France ne nous avaient-ils pas déjà appelés à centrer toute notre attention sur la Parole de Dieu car : « la révélation que Dieu fait de lui-même est l’événement central de l’expérience chrétienne » (TNOC p. 37)3. L’humanisation de Dieu, en Jésus-Christ, éternelle et ultime Parole du Père, cœur de notre foi, devient ainsi pour nous le motif de notre vocation et de notre mission y compris dans sa dimension ecclésiale. Non pas en ce sens qu’il serait urgent seulement de proclamer ce donne de loi, mais en ce sens plus profond que les mœurs de Dieu, sa manière d’être « pour nous les hommes et pour notre salut » deviennent notre
propre chemin vers Lui. C’est en mettant nos pas dans les siens que l’on est assuré d’avancer. la foi se comprend mieux comme réponse, progressive, dans nos histoires humaines. Voilà pourquoi la pédagogie d’initiation que les évêques préconisent nous met à l’école du Christ initiateur, authentique pédagogue, comme aimait à le désigner Saint Clément d’Alexandrie4. Il appelait ainsi celui qui nous introduit lui-même dans la vie en plénitude (Jn 10, 10), dans la rencontre de Dieu le Père. Car « nul ne va au Père sans passer par moi. » (Jn 14,6).

En ce temps qui nous rapproche de Noël, nous voici resitués au cœur de la foi. Elle s’origine dans « l’auto communication » de Dieu, comme aimait à le préciser Karl Rahner5. L’initiative vient de Lui. Dieu est la source de notre connaissance sur Lui-même. Chacun de nous, a chaque génération et de manière plus particulière a chaque étape de sa vie a ainsi la possibilité d’avancer dans sa réponse.

Chacun parcourt le chemin a son rythme, en fonction de sa capacité à s’engager dans la relation de confiance avec Celui qui vient à notre rencontre. A ce niveau la de la rencontre avec Dieu en et par Jésus-Christ, chacun part toujours du même point : la capacité à la confiance. N’est-ce pas cela qui est en jeu dans la fête de la Nativité ? Comment est-ce possible que Dieu se fasse si proche ? Qu’il soit accessible ? La foi de l’Eglise qui est proclamée a Noel relève de cette expérience d’un Dieu « Emmanuel » ! Nous voila plonges dans les profondeurs du mystère trinitaire6. Car nul ne peut comprendre que Dieu parle et que cette Parole est vivante si ce n’est comme fruit de l’Esprit en nos cœurs d’hommes.

Ainsi la Parole de Dieu est bien plus qu’un livre, bien plus que Le Livre… Elle est ‘le Verbe fait chair’, déjà proclamée par l’évangile de Jean (Jn 1,14). C’est sur la personne historique de Jésus de Nazareth comme événement de salut que nous fondons notre espérance. Réfléchir a ce que signifie l’Incarnation que nous célébrons dans ce mystère de la Nativité est pour nous un chemin de maturation dans la foi. Car nous passons d’une image de Dieu transcendant et inaccessible à une découverte d’un Dieu « plus intime à moi que moi-même » – selon la belle expression de Saint Augustin7, traduisant sa propre expérience de la foi de l’Eglise. Or toute foi consciente passe par cette nécessaire maturation, ce nécessaire déplacement fondamental. Les points d’appuis de la pédagogie d’initiation trouvent ici toute leur place (cf. TNOC p. 46 à 59). Liberté de positionnement et cheminement personnel en premier. Accueil de la Parole portée par l’Ecriture dans la Tradition vivante ensuite, et elle n’est jamais accueillie sans porter du fruit. Dynamique du choix inscrit dans la diversité culturelle de nos existences enfin. car cet accueil nous projette dans un art de vivre particulièrement marqué par le sien : « Nul ne va au Père sans passer par moi » (Jn 14, 6) nous est-il dit constamment.

Ces quelques lignes croisent, nous le voyons, bien des questions liées à la recherche actuelle en catéchèse : celle des dynamismes et besoins vitaux (cf. TNOC p. 74) sur lesquels toute organisation catéchétique est appelée à prendre appui; celle du choix que les évêques de France ont opéré de la pédagogie d’initiation (TNOC p. 27), parfois opposée à une pédagogie de la transmission directe dsz contenus de la foi. Nous avons bien relevé que la pédagogie divine de l’entrée en dialogue avec l’humanité n’est pas de l’ordre du moyen de communication mais relève de l’être même de Dieu Trine.

Pistes de réflexion à partir des § 6 à 29

Deuxième partie : présentation du texte et paragraphes 6 à 29

Pistes de réflexion à partir des § 29 à 49

Voici le troisième Dossier de lecture sur l’exhortation apostolique de Benoît XVI, « Verbum Domini » sur la Parole de Dieu. Je vous annonçais quelques pistes de réflexion à partir des § 29 à 49 sur l’herméneutique de l’Ecriture Sainte dans l’Eglise … Lire la suite

Pistes de réflexion à partir des § 52 à 71

Voici le quatrième Dossier de lecture sur l’exhortation apostolique de Benoît XVI, « Verbum Domini » sur la Parole de Dieu. La deuxième partie : « La parole dans l’Eglise » débute par une section sur la parole de Dieu dans la liturgie (§ 52 à 71). C’est celle-ci qui retient maintenant notre attention. Lire la suite

Pistes de réflexion à partir des § 52 à 89

Voici la suite du Dossier de lecture sur l’exhortation apostolique de Benoît XVI, « Verbum Domini » sur la Parole de Dieu. Dans cette deuxième section de cette deuxième partie de l’Exhortation (§ 72 à 89), le pape appelle toute l’Eglise à mettre la Parole de Dieu au cœur de sa vie concrète… Lire la suite

Pistes de réflexion à partir des § 90 à 120

Voici le sixième Dossier de lecture sur l’exhortation apostolique de Benoît XVI, « Verbum Domini » sur la Parole de Dieu. Nous en sommes rendus à la troisième partie de l’Exhortation : Verbum in mundo (§ 90-120). Benoît XVI développe ici la dimension missionnaire : l’annonce de la Parole de Dieu, Lo-gos de l’espérance (§ 91) est la mission essentielle de l’Eglise, le cœur de toute activité catéchétique : car « l’homme a besoin de la grande espérance pour vivre son présent » (§ 91). Lire la suite

Pistes de réflexion à partir des § 90 à 124

Avec ce septième et dernier Dossier de lecture sur l’exhortation apostolique de Benoît XVI, « Verbum Domini » sur la Parole de Dieu, nous poursuivons la lecture de la troisième partie de l’Exhortation : Verbum in mundo (§ 90-120) et sa conclusion (§ 121-124). Dans cette dernière section, Benoît XVI rappelle que l’annonce de la Parole de Dieu est toujours liée au témoignage et au service du frère. Lire la suite

Le texte de l’exhortation

1. Le concile Vatican II s’est ouvert en 1962. La première constitution votée fut celle sur la liturgie (Sacrosanctum concilium, 4 décembre 1963), puis celle sur l’EgIise (Lumen Gentium, 21 novernbre 1964), celle sur la révélation divine (Dei Verbum, 18 novembre 1965) et enfin celle sur I’Eg|ise dans le monde de ce temps (Gaudium et spes. 7 décembre 1965).

Benoît XVI, Exhortation Verbum Dominum. l 1

2. « Nous sommes placés face au mystère de Dieu qui se communique lui-même par le don de sa Parole Cette Parole qui demeure pour toujours. est entrée dans le temps. Dieu a prononce sa Parole éternelle de façon humaine ; son Verbe ‘ s’est fait chair’ (Jn 1, 14). C’est cela la Bonne Nouvelle… qu’elle devienne toujours plus le cœur de toute activité ecclésiale .

VD 2 : « Il n’existe pas de priorité plus grande que celle ci : ouvrir à nouveau l’homme d’aujourd’hui l’accès à Dieu. Au Dieu qui parle et qui nous communique son amour pour que
nous ayons la vie en abondance (cf. Jn 10,10). » (VD 2). Le but est des plus clairs : que nous vivions abondamment de la vie même de Dieu ! La révélation est ainsi comprise, d’emblée, comme un acte de bienveillance et d’amour de Dieu pour notre humanité. On peut même dire qu’elle est l’acte originel, source, de notre communion avec Lui. »

3. Les évêques de France, TNOC p. 39 : « Entrer dans l’expérience chrétienne fait parcourir tout un itinéraire ».

4. Clément d’Alexandrie, Le pédagogue, Sources chrétiennes 70.

5. Cf. par exemple : : Karl Rahner, Traité fondamental de la foi.

6. TNOC p. 37: Cette Parole adressée à l’homme depuis la création du monde bouleverse celui qui se met à son écoute avec l’obéissance du cœur. Mais on ne comprend cette Parole qu’éclairé par l’Esprit Saint. L’expérience de la révélation est trinitaire.

7. On peut lire avec profit Augustin, les confessions (diverses éditions sont accessibles). Il s’agit du premier récit autobiographique de conversion de l’histoire du christianisme. Une lecture profonde et très abordable.

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