Je ne suis pas venu abolir mais accomplir : les racines juives du christianisme
Intervention du Frère Louis-Marie Coudray, responsable du Service national pour les relations avec le judaïsme, lors de la session à Lyon, Affirmer sa foi dans un monde pluri-religieux. Moine bénédictin olivétain, il a passé trente-cinq ans au Monastère d’Abu Gosh en Israël.
On pourrait s’imaginer que le lien avec le judaïsme est un hobby pour quelques originaux, qui aiment ce qui est exotique. Certes ce lien serait authentifié par l’Église, qui l’a mis en valeur, mais il ne serait pas indispensable à notre vie chrétienne. Il n’aurait pas d’impact sur la vie de l’Église. Il relèverait simplement de l’intérêt, du fait que nous sommes à l’âge de la mondialisation, d’une ouverture aux cultures et aux religions du monde. Et avec, en plus, l’idée que cette religion aurait simplement eu toute sa valeur dans le passé et qu’elle serait dépassée. En fait, il n’en est absolument rien.
Dans le judaïsme se trouve une part de notre identité de chrétiens
Dans la relation au judaïsme, il en va de notre identité de chrétiens. C’est l’authenticité de notre foi, de notre relation à Jésus-Christ qui est en cause. La vérité de notre discours de foi est en jeu, la qualité de sa transmission, dont vous êtes des chevilles ouvrières essentielles, dépend de la mise en valeur de ce lien. Jésus-Christ est au cœur de la catéchèse, il est au cœur de notre foi mais, s’il est au cœur de notre foi et de la catéchèse, c’est parce que nous le confessons comme Messie et sa qualité de Messie, c’est le Messie d’Israël. Il est au centre de l’histoire, tout converge vers lui depuis les origines et d’une certaine manière, tout se réfracte à partir de lui vers l’avenir, vers cette dimension eschatologique évoquée dans l’intervention précédente, cette dimension eschatologique qui est justement l’accomplissement du royaume alors que nous sommes dans le temps de l’Église, dans la logique du « déjà là » et du « pas encore ».
La coexistence avec le judaïsme et le fait que le judaïsme perdure est un rappel permanent pour l’Église qu’elle n’est pas encore le royaume et que nous sommes toujours dans ce « pas encore ». Il est donc fondamental pour la catéchèse que la personne de Jésus soit présentée en vérité et donc de connaitre ses racines, sa famille. Notamment, en 1980 à Mayence, Jean-Paul II affirmait que quiconque rencontre Jésus-Christ rencontre le judaïsme. Nous sommes donc au cœur de la démarche de catéchiste, au cœur de votre mission dans l’Église parce qu’à travers votre enseignement, à travers votre travail, c’est à la rencontre de Jésus-Christ que vous conduisez ceux qui vous sont confiés. Si vous voulez que votre dévouement soit efficace et soit vrai, vous ne pouvez pas faire l’économie sur la dimension du judaïsme. En faisant cette économie, vous présenteriez une vérité tronquée, incomplète et inexacte. Vous ne seriez plus dans la Tradition et vous ne seriez plus dans une parole d’Église.
La transmission est au cœur du judaïsme
Une richesse de notre lien avec le judaïsme, et qui est particulièrement importante, est une certaine efficacité, un certain sens de la transmission que l’on trouve dans le judaïsme. Votre tâche est de transmettre la foi. Vous ne faites pas un cours de culture religieuse mais vous témoignez de votre foi et de la foi de l’Église, pour transmettre aux générations futures, pour susciter une adhésion personnelle. On devient chrétien par une démarche personnelle, par l’adhésion à Jésus-Christ comme Seigneur et Sauveur. Or la transmission est au cœur du judaïsme[…]