10 ans après le TNOC, bilan de la pastorale catéchétique et perspectives d’avenir
Dix ans après la publication du Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse en France et face à une situation en constante évolution, les évêques ont encouragé les catéchistes dans leur mission d’évangélisation.
Du 20 au 22 janvier 2016, se tenait à Paris la session organisée par le SNCC à l’occasion des 10 ans du Texte national pour l’orientation de la catéchèse en France, autour du thème « Nuit et jour, la semence germe et grandit » (Mc 4,27) : Quelles perspectives en catéchèse et catéchuménat ?. Voici une synthèse de la session.
250 responsables et membres des équipes diocésaines de catéchèse et de catéchuménat représentant les trois-quarts des diocèses français, se sont réunis du 20 au 22 janvier 2016 à l’occasion des dix ans de la publication du Texte National pour l’Orientation de la Catéchèse en France.
Résolument pastorale, cette session se déroulait sous la houlette de quatre évêques de la Commission épiscopale pour la catéchèse et le catéchuménat, la CECC : Mgr Pierre d’Ornellas, président de la Commission, Mgr Pierre-Yves Michel, Mgr Jean-Paul Jaeger et Mgr André Marceau.
Ces journées visaient à reprendre l’enseignement de l’Église sur l’acte catéchétique et la mission du catéchiste. Elles ont permis d’établir un bilan de la pastorale catéchétique en France depuis dix ans, de partager les pratiques et les réflexions et d’identifier les nouveaux défis pour envisager les perspectives d’avenir.
L’orientation de 2006 pour la catéchèse : un texte des évêques de France dans le souffle de Vatican II
Mgr d’Ornellas a rappelé que l’orientation de 2006 se situait dans la droite ligne du Concile Vatican II. Le souffle du Concile se poursuit avec, ces dix dernières années, l’Année de la Foi (2012), les vingt ans de la publication du Catéchisme de l’Église catholique (2012), l’exhortation Verbum Domini sur la Parole de Dieu du pape Benoît XVI (2010), Evangelii Gaudium (2013) ou Laudato Si’ (2015) du pape François, encourageant les équipes diocésaines de catéchèse et de catéchuménat dans leur dynamique missionnaire.
De nombreux « filons » du Texte des évêques de France encore à exploiter
Dix ans, c’est peu pour que la place de la catéchèse dans le processus d’évangélisation se déploie pleinement. C’est ce qu’a souligné Mgr Jean-Paul Jaeger, en référence à la culture du bassin minier, lorsqu’il a affirmé que de nombreux « filons » du texte des évêques restaient à exploiter. Leur approfondissement pourrait apporter des pistes adaptées à une situation qui a profondément changé en moins d’une décennie. Joël Molinario, directeur de l’ISPC, a insisté sur trois aspects des mutations culturelles récentes qui retentissent sur la transmission de la foi : la crise anthropologique, l’ère numérique et le pluralisme religieux polémique.
Les fruits du Texte national d’orientation
L’élan missionnaire des catéchistes, le chemin de foi qu’ils ont parcouru, l’arrivée de nouveaux catéchistes, en particulier des parents en recherche spirituelle, sont identifiés comme des fruits de l’orientation de 2006.
Les services diocésains ont dépensé une grande énergie pour se former aux intuitions du texte national et pour former les catéchistes. Le texte national a suscité la parution de centaines de nouveaux documents catéchétiques, essentiellement pour l’enfance qui ont été évalués par les services diocésains de catéchèse qui ont également conseillé et formé les utilisateurs. Cette production abondante manifeste la vitalité de la catéchèse, en particulier des services diocésains qui ont écrit de nombreux ouvrages. Un certain nombre de catéchistes et de prêtres aspirent aujourd’hui à des propositions simples pour répondre aux besoins actuels.
Les difficultés de la situation de la catéchèse
Des difficultés nouvelles ont été notées : les catéchistes en catéchèse comme en catéchuménat sont moins disponibles et certains, comme les catéchistes du primaire, sont très mobiles (de plus en plus de parents catéchistes sont présents pour quelques semaines). Leur renouvellement accentue leur besoin de formation qui apparaît comme une priorité difficile à adapter à leur rythme de vie.
Les participants ont évoqué la diminution des moyens humains dans leur équipe diocésaine et sur le terrain et la solitude éprouvée par certains dans leur mission.
Enjeux et pistes
Les chantiers prioritaires qui s’ouvrent :
- La vie spirituelle des catéchistes ;
- Leur formation.
- La conversion des communautés chrétiennes pour qu’elles portent la responsabilité catéchétique et soient le milieu naturel où la foi peut éclore.
- L’accueil, l’accompagnement des personnes, le dialogue pastoral, le discernement auxquels il faut initier tout catéchiste pour qu’il devienne disciple-missionnaire.
- La catéchèse d’adultes dont la demande augmente, parallèlement à la croissance du nombre de catéchumènes adultes (+50% en dix ans), nécessite de trouver le langage de la foi adapté à nos contemporains.
- Face aux demandes de sacrements, le chantier catéchèse et liturgie est à approfondir, particulièrement avec la mystagogie.
- La poursuite du rapprochement entre catéchèse et catéchuménat.
Les pistes qui apparaissent rejoignent les convictions des évêques exprimées dans l’orientation de 2006 et qui restent à creuser :
- Il a été largement question de la communauté chrétienne dont « la représentation serait à réinventer ». Au centre de cette préoccupation, se posent les questions du pape François : « Comment rencontrer le Christ ? » et « Quel est le lieu le plus cohérent pour trouver le Christ et pour le suivre ? ». L’assemblée dominicale n’est pas la seule communauté chrétienne et les paroles de Jésus : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » nous incitent à reconnaître d’autres formes de communautés.
- La centralité du mystère pascal pour toute annonce de la foi : est-il au centre de notre annonce ? Passons-nous par la mort et la résurrection du Christ dans notre annonce de la foi ?
- La Parole de Dieu comme nourriture à savourer : est-elle donnée à manger ou est-elle instrumentalisée ? La laisse-t-on faire son œuvre ? Croit-on qu’elle est « performative » ?
- La liturgie comme « porte royale » : croyons-nous que la liturgie nous transforme ? Quelle catéchèse mystagogique proposons-nous pour permettre de découvrir pleinement l’action de Dieu dans la liturgie, à travers les rites et les symboles ? Comment entre-t-elle en écho avec la vie et les choix éthiques ?
- Les sacrements comme don pour la vie chrétienne et leur mystagogie.
- L’appel à la conversion avec la formation morale, la voie du Bien favorisée par la relecture.
- La voie de la beauté : chemin pour la première annonce et langage qui s’adresse à l’intégralité de la personne.
Les évêques ont remercié les catéchistes pour leur créativité et leur courage. Ils les ont invités à traverser dans la confiance le mystère pascal que vivent des équipes de catéchèse et de catéchuménat parfois fragilisées. Tous ont été appelés à demeurer dans l’espérance de la résurrection dont les signes sont déjà là et qui font la joie d’être catéchiste. Joie de l’Évangile bien présente lors de ces rencontres fraternelles et ecclésiales. Les participants sont repartis avec au cœur les paroles d’envoi de Mgr Marceau pour que la catéchèse soit vécue comme un acte de miséricorde.