« Tenez pour une joie suprême mes frères, d’être en butte à toutes sortes d’épreuves » (Jc 1,2). Retour sur la session de formation organisée à la Maison des évêques de France les 15 et 16 janvier 2020.
Évoquer le combat spirituel, c’est, la plupart du temps, faire surgir les grandes figures des saints qui ont témoigné de cette réalité dans leur vie à la suite du Christ. Pour ceux qui sont engagés au service du catéchuménat, cet aspect de la vie spirituelle des candidats au baptême est bien connu et accompagné. Mais, plus rarement, nous envisageons pour nous-mêmes cette question. Or, être chrétien, c’est être engagé dans un combat qui ne nous lâche jamais.
Cette session a été pour nous tous, engagés en catéchèse et catéchuménat, l’occasion d’aborder la question sous ses différents aspects et de l’accueillir de manière concrète, dans la réalité de nos missions.
Nous avons suivi un itinéraire sur deux jours, en alternant apports théologiques, bibliques et pastoraux, travaux en ateliers et temps de partage.
Ces deux journées de rencontre et de formation étaient organisées par le Service national de la catéchèse et du catéchuménat en présence de Mgr Renauld de Dinechin et Mgr François Kalist, membres de la Commission épiscopale pour la catéchèse et le catéchuménat.
Mercredi 15 janvier
Au moment de débuter une formation sur le combat spirituel …
Nous voilà pour deux jours aux prises avec le combat spirituel. Alors ? Pourquoi un tel sujet ?
Nous avons choisi cette année pour l’enquête annuelle du catéchuménat des adultes de mettre l’accent sur les fragilités. Nous sommes en effet frappés par les situations blessées, les épreuves de tous ordres que vivent ou ont traversées ceux qui demandent les sacrements de l’initiation chrétienne. Fragilités matérielles, sociales, éducatives, affectives, intellectuelles, psychiques, psychiatriques …
En catéchèse de l’enfance, de l’adolescence, d’adultes, dans tous les domaines pastoraux, surgit forcément la question de la souffrance, le mystère du mal, les conséquences du péché. Car c’est une expérience humaine universellement partagée que la confrontation au mal et à la souffrance.
Si par le baptême tous les péchés sont pardonnés, nous le savons bien, la vie chrétienne n’est pas un long fleuve tranquille et les néophytes comme chacun de nous constatent qu’en nous le vieil homme laissé au fond du baptistère … bouge encore.
Comment prenons-nous en compte cette réalité spirituelle ? Dans les cheminements de conversion, suffit-il d’avoir relu sa vie, d’avoir repéré ses fragilités, ses blessures ?
En sortant des eaux du Jourdain, Jésus est tenté par le démon. L’enjeu est grand. Le démon tente … sa chance auprès de l’Homme comme il l’a toujours fait. Ils se connaissent. Ils s’interpellent. Ils combattent. Satan perd, comme toujours face à Jésus.
Ainsi, l’adversaire nous est désigné, nommé, les racines des tentations sont exposées. Le Christ est victorieux, le Royaume est là, le salut est donné sur la croix. Alors ? Nous sommes bien obligés de constater avec les premiers chrétiens, les néophytes, les catéchisés que le combat contre l’adversaire se poursuit.
Le catéchuménat comme la catéchèse se déploient dans le temps dont ils font un allié. Le temps de la découverte, le temps du choix et de l’attachement au Christ, le temps aussi de l’initiation à des habitus. Le temps de l’entraînement à une vie chrétienne ordinaire.
Il nous apparaît que cet aspect est à développer dans notre mission catéchétique. Il s’agit pour nous et pour ceux que nous accompagnons, d’approfondir la vie spirituelle, d’enraciner des pratiques, de s’exercer. Catéchistes et accompagnateurs ont à transmettre les moyens que l’Eglise nous donne, à apprendre à faire appel au Seigneur qui combat avec nous et pour nous, … à fourbir nos armes, à nous exercer au combat avec ceux que nous accompagnons.
Mais avant tout il faut apprendre à déterminer les lieux de la tentation, nos déserts spirituels, à identifier l’adversaire, à le nommer. Tels Luc Skywalker et Harry Potter osant nommer Dark Vador et Voldemor, véritables images du mal incarné contemporain, pour mieux les combattre. Tel le Christ.
Parce que ces derniers temps l’adversaire s’est fait oublier (et on l’a un peu aidé) mais ses œuvres elles, sont bien là. Vous connaissez tous cette phrase si actuelle de Baudelaire dans les Petits poèmes en prose : « La plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ! »
C’est aussi dans leurs malheurs que nous pouvons rejoindre les catéchumènes et ceux qui ne connaissent pas le Christ, en dévoilant qu’il combat déjà avec nous et pour nous.
Enfin, c’est avec les armes qu’il nous donne, c’est en éduquant au discernement entre ce qui donne plus de vie et ce qui est mortifère que nous aiderons à grandir en liberté les plus petits, les plus fragiles, particulièrement exposés aux abus.
L’objectif de ces deux jours est d’identifier avec vous ce lieu du combat, de nommer le combat spirituel, les adversaires, de nous ressaisir des armes dont l’Eglise dispose.
Pour cela, nous nous appuierons sur l’Ecriture, la théologie, la tradition et les trésors de l’Eglise.
Nous vous proposerons des pédagogies et des temps variés : ateliers, interventions, prière, échanges.
Nous passerons aussi par la médiation artistique pour nourrir notre réflexion.
Nous ferons en sorte de vous donner les éléments qui vous permettront de former à votre tour dans vos diocèses.
Je souhaite à chacun une bonne session.
Pauline Dawance, directrice du SNCC
Temps de prière
Approche anthropologique
La matinée du mercredi 15 janvier, nous recevions le père Patrick Goujon. Retrouvez son intervention en intégralité :
Intervention n°1
Vous avez dit « combat spirituel », quels combats ?
Le Père Patrick Goujon propose une approche anthropologique de la question du combat spirituel qu'il développe en trois temps : premièrement, dans le combat, la force ne fait pas tout. Deuxièmement, le combat est affaire de mesure. Troisièmement, en forme d’interrogation : qui combat pour qui ? Jésuite, professeur de théologie spirituelle et dogmatique, il est intervenu sur ce sujet dans le cadre de la session de formation organisée par le Service national de la catéchèse et du catéchuménat en janvier 2020 : Le combat spirituel en catéchèse et catéchuménat.
Atelier n°1
Jacob lutte avec l’Ange : et moi, quels sont mes combats ?
Cet atelier a été proposé dans le cadre de la session Le combat spirituel en catéchèse et catéchuménat. Les participants sont invités à évoquer la question du combat dans leur propre existence à partir d'une intervention du Père Patrick Goujon et d'un extrait du texte « La lutte avec l'Ange » de Jean-Paul Kauffmann sur le tableau éponyme d'Eugène Delacroix à Saint-Sulpice.
Approche biblique
Atelier n°2
Que fit Jésus face aux stratégies et tentations du « Mauvais », le diable ?
Cet atelier, proposé dans le cadre de la session Le combat spirituel en catéchèse et catéchuménat, nous invite à nous confronter à deux deux récits particulièrement significatifs de ce combat du Christ. Pour apporter du relief à la découverte du texte, trois versions des deux textes sont proposées. A la suite de cette proposition d'animation, nous pouvons aussi prendre le temps de réfléchir à la présence et à la stratégie du diable en lisant l'intervention « Nommer le combat spirituel ».
Intervention n°2
Nommer le lieu du combat spirituel
Le Père Gaultier de Chaillé propose une approche biblique et théologique de la question du combat spirituel. Il est intervenu sur ce sujet dans le cadre de la session Le combat spirituel en catéchèse et catéchuménat. Nous allons parler du combat en nommant le diable, en expliquant ce que la Bible et la théologie en disent pour essayer de voir ce que la spiritualité, notre foi et notre action peuvent nous permettre de trouver comme ressources pour le combattre au quotidien.
Combat et sainteté : dialogue
Intervention à deux voix entre Isabelle Perrier et le Père Christophe Sperissen, du SNCC.
Atelier n°3
« Gnostique ou pélagien ? » : identifier et combattre deux ennemis de la sainteté
Dans les deux premières interventions de la session de formation Le combat spirituel en catéchèse et catéchuménat nous avons situé le combat comme une donnée inhérente à la condition humaine. Ce qui nous fait comprendre qu'il n'y a pas d'humanité sans combat. En contemplant la figure de Jésus, Dieu fait homme, nous avons vu à quel point lui-même a affronté le diable et mené le combat jusqu'à la croix. En tant que baptisés, à la suite du Christ comme disciples-missionnaires, les combats ne manquent pas. Il appartient à chacun de repenser ce qu'il mène comme combat propre. L'objet de cet atelier est à présent de situer le combat dans son lien avec la sainteté.
Intervention n°3
Le combat spirituel dans la Tradition de l’Église : un éclairage actuel avec le pape François
A ce stade de la session sur le combat spirituel, il est venu pour nous le temps d'aller interroger le Magistère récent. Nous le ferons en regardant ce que le pape François nous dit sur deux « maladies » de ce temps : le gnosticisme et le pélagianisme. A partir de là, nous nous laisserons interpeller sur l'articulation combat, sainteté et salut. Enfin, nous revisiterons nos pratiques catéchétiques à l'école de la joie, catégorie si chère au pape François.
Jeudi 16 janvier
Temps de prière
Les moyens du combat spirituel
Intervention n°4
Les moyens du combat spirituel : quelles sont nos armes ?
Intervenu dans le cadre de la session « Le combat spirituel en catéchèse et catéchuménat », le Père Emmanuel Faure, exorciste et prédicateur du diocèse de Belley-Ars, donne des clés et moyens pour livrer un combat spirituel : « Il est impossible de devenir chrétien en dehors des combats. » « Il n'est pas possible d'acquérir la sagesse sans combat. »
Atelier n°4
Comme catéchiste et accompagnateur, quels sont les « moyens du combat spirituel » dont je dispose ?
Cet atelier a été proposé dans le cadre de la session Le combat spirituel en catéchèse et catéchuménat. Les participants sont invités à évoquer la question du combat dans leur propre existence et identifier les moyens du combat à partir de l’intervention du Père Emmanuel Faure : « Les moyens du combat spirituel : quelles sont nos armes ? ».
Remontée de l’atelier n°4 et échanges
L’équipement de combat selon saint Paul
Atelier n°5
Dans ma mission, que signifie « revêtir l’équipement de combat » dont parle saint Paul ?
Au cours de ma mission de catéchiste et accompagnateur auprès des catéchumènes, je peux, comme l'exhorte l'apôtre Paul aux Éphésiens, revêtir l'équipement de combat donné par Dieu. Qu'est-ce que cela signifie concrètement ? Quelles manœuvres du diable faut-il déjouer dans ma vie, dans ma mission ? Cet atelier a été proposé au terme de la session de formation Le combat spirituel en catéchèse et catéchuménat.