Saints évangélisateurs : des vies consacrées à la mission et à la catéchèse

Saint Turibe de Mogrovejo, Bienheureux César de Bus, Pauline Jaricot, Léontine Dolivet.

L’Église distingue traditionnellement parmi les nombreux saintes et saints qui ont marqué sa longue histoire différents charismes que l’on retrouve notamment dans la litanie des saints : les anges et archanges, les patriarches et prophètes, les apôtres et évangélistes, les martyrs, les docteurs, les évêques, les prêtres, les moines…

Ici nous nous intéressons plus particulièrement aux saints qui se sont consacrés à la mission d’évangélisation et à la catéchèse.

Turibe de Mogrovejo, catéchiste, saint et patron du Directoire pour la catéchèse !

La présentation du Directoire pour la Catéchèse nous propose de découvrir un grand catéchiste : saint Turibe de Mogrovejo (1538-1606).

De manière tout à fait fortuite, l’approbation du présent Directoire a eu lieu en la mémoire liturgique de saint Turibe de Mogrovejo (1538-1606). Un saint, peut-être assez peu connu, qui a pourtant donné une forte impulsion à l’évangélisation et à la catéchèse. Sur les traces de saint Ambroise, cet éminent juriste laïc, né à Majorque dans une famille noble, formé à l’université de Valladolid et Salamanque où il fut professeur, nommé président du tribunal de Grenade, fut consacré évêque et envoyé par le pape Grégoire XIII à Lima, au Pérou. Il comprit son ministère épiscopal comme celui d’un évangélisateur et d’un catéchiste. En écho à Tertullien, il aimait répéter : « Le Christ est une vérité non conventionnelle ». Il le redira surtout face aux conquistadors qui opprimaient les Indiens au nom d’une supériorité culturelle et aux prêtres qui n’avaient pas le courage de défendre le sort des plus pauvres. Missionnaire infatigable, il parcourait les territoires de son Église, à la recherche avant tout des indigènes pour leur annoncer la Parole de Dieu dans un langage simple et facilement accessible. Au cours de ses vingt-cinq années d’épiscopat, il organisa des Synodes diocésains et provinciaux, il se fit catéchiste et produisit en langue espagnole, en quechua et aymara, les premiers catéchismes pour les indigènes d’Amérique du Sud. Son œuvre d’évangélisation porta des fruits inattendus avec la venue à la foi de milliers d’indigènes qui rencontrèrent le Christ dans la charité de l’évêque. C’est lui qui donna le sacrement de la Confirmation à deux saints de cette Église : Martín di Porres et Rose da Lima. En 1983, saint Jean-Paul II l’a proclamé patron de l’épiscopat latino-américain. C’est donc sous la protection de ce grand catéchiste que se place également le nouveau Directoire pour la catéchèse.

  • Directoire pour la catéchèse : la catéchèse au service de la nouvelle évangélisation

    Nous voilà envoyés en cette rentrée pastorale annoncer la Bonne nouvelle de l’Évangile sur les routes de nos diocèses dans les conditions toujours difficiles de la pandémie qui s’ajoutent à bien d’autres obstacles. Si le Seigneur nous envoie en nous recommandant de ne rien prendre pour la route, il nous garantit qu’il est avec nous et même qu’il nous précède dans le cœur de ceux que nous allons rencontrer.

  • La sainteté dans le nouveau Directoire pour la catéchèse, « une parole décisive »

    Dès les premières pages du Directoire pour la catéchèse paru en 2020, la sainteté est affirmée comme le projet de Dieu pour l’humanité sauvée et divinisée. Il nous destine à vivre en communion avec lui dans une relation filiale renouvelée par Jésus Christ. Dans sa bonté et sa sagesse, Il « nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ » (Ep 1, 4-5 cité au n°11).

Saint Charles de Foucauld (1858-1916)

Le frère universel

Charles de Foucauld est né le 15 septembre 1858 à Strasbourg. Après une jeunesse dissipée, lors d’un séjour en Algérie, au début de sa carrière militaire, sa découverte des croyants de l’Islam l’émeut en profondeur et prépare sa rencontre du Christ. De retour en France, il vit une conversion radicale après s’être confessé à l’abbé Huvelin dans l’église Saint-Augustin à Paris. Sept années de recherche contemplative le mèneront chez les sœurs clarisses de Nazareth en 1897. C’est là que mûrit sa vocation profonde. Il est ordonné prêtre en 1901 dans le diocèse de Viviers en Ardèche avant de mener son ministère en Algérie. Il y mène une existence partagée entre la prière, l’étude, les voyages et les contacts avec les Touaregs. Par sa vie humble dans le désert, il témoigne de l’amour inconditionnel de Dieu pour tous les hommes. Le 1er décembre 1916, il meurt assassiné. Aujourd’hui sa famille spirituelle est nombreuse et diverse.

Charles de Foucauld a été béatifié par le pape Benoît XVI le 13 novembre 2005 et canonisé par le pape François le 15 mai 2022. L’Église le fête le 1er décembre.

Ma vocation sera, disait-il, de crier l’Evangile par toute ma vie.

Quand a eu lieu la canonisation de Charles de Foucauld?

Presque 100 ans après l'ouverture de son procès en béatification, le Pape a annoncé la canonisation de Charles de Foucauld le 27 mai 2020. Celle-ci a eu lieu le 15 mai 2022 à 10h lors d'une messe célébrée sur la place Saint-Pierre de Rome.

Bienheureuse Eugénie Joubert (1876-1904)

Sourire de Dieu

Eugénie Joubert est née et a été baptisée à Yssingeaux, non loin du Puy en Velay, le 11 février 1876. Elle entre à 19 ans dans la Congrégation de la Sainte Famille du Sacré Cœur, créée à la fin du 19ème siècle, dont le charisme est l’enseignement religieux, particulièrement auprès des plus démunis. Elle prononce ses vœux en 1897. De 1897 à 1901 elle est catéchiste dans la banlieue parisienne, d’abord à Aubervilliers, puis à Saint-Denis, où elle s’occupe des enfants les plus difficiles. Les témoignages recueillis au procès de béatification sont unanimes : elle vit ce qu’elle enseigne. Elle meurt de la tuberculose à 28 ans le 2 juillet 1904 à Liège.

Elle a été béatifiée le 20 novembre 1994 par le pape Jean-Paul II. L’Église la célèbre le 2 juillet.

Bienheureuse Eugénie Joubert, catéchiste et « sourire de Dieu » auprès des enfants

Bienheureuse Eugénie Joubert, une vie consacrée à la catéchèse des tout-petits. Eugénie Joubert est une jeune femme religieuse et catéchiste, morte au tout début du 20ème siècle avant d'avoir 30 ans et béatifiée en 1994. Sœur de la Sainte-Famille du Sacré-Cœur dont le but principal est l'enseignement du catéchisme, elle a été citée en exemple parmi les « Saints évangélisateurs » lors du IIIème Congrès international de catéchèse à Rome en septembre 2022. Elle est fêtée le 2 juillet.

Saint César de Bus (1544-1607)

Un nouveau saint missionnaire

César de Bus est né à Cavaillon, au sud d’Avignon, en 1544. Il mène une vie légère et insouciante avant une conversion radicale en 1573. Il se sépare de tous ses biens et se retire dans la solitude et la pénitence. Il est ordonné prêtre en 1582 et se consacre à une mission de catéchiste auprès des jeunes et des pauvres. Il fonde en 1592 la Congrégation des Pères de la doctrine Chrétienne ainsi que la Société des Filles de la Doctrine chrétienne, qui sont vouées à l’éducation et à la catéchèse des jeunes dans les campagnes du sud de la France. Il est un précurseur dans la recherche d’une catéchèse adaptée aux personnes à qui elle est destinée. Devenu aveugle en 1596, César de Bus poursuit sa vie de prière, d’accompagnement spirituel et de prédication. Il meurt le 15 avril 1607 à Avignon. La Congrégation disparait en France entre la révolution et le milieu du 20ème siècle. Elle compte aujourd’hui une centaine de religieux en France, en Italie, au Brésil, en Inde et au Burundi.

César de Bus a été béatifié par le pape Paul VI le 27 avril 1975 et canonisé par le pape François le 25 mai 2022. L’Église le fête le 15 avril.

Il disait : II faut que tout ce qui est en nous catéchise et que notre conduite fasse de nous un catéchisme vivant…

Sainte Marie Rivier (1768-1838)

Une passionnée de Jésus Christ

Marie Rivier est née le 19 décembre 1768 à Montpezat en Ardèche. Une chute, qu’elle fait à l’âge de seize mois, l’empêche de marcher. Elle se remet pourtant à marcher des années plus tard après avoir prié, avec sa mère, Notre Dame de la Pitié. Pour témoigner sa reconnaissance, elle veut apprendre aux enfants à connaitre et aimer Jésus Christ. Malgré les nombreuses difficultés liées à son handicap et à la Révolution, elle consacre sa vie à l’éducation chrétienne des jeunes et au soin des pauvres. Elle fonde la Congrégation des Sœurs de la Présentation de Marie qui se développe très rapidement. A sa mort, le 3 février 1838 à Bourg-Saint-Andéol, 149 écoles ont été créées pour poursuivre son œuvre. La Congrégation est présente aujourd’hui dans une vingtaine de pays.

Marie Rivier a été béatifiée le 23 mai 1982 par le pape Jean-Paul II et canonisée par le pape François le 25 mai 2022. L’Église la célèbre le 3 février.

Elle disait à ses sœurs : Soyons un évangile ouvert où chacun puisse lire Jésus Christ !

Bienheureuse Pauline Jaricot (1799-1862)

Laïque et missionnaire

Pauline-Marie Jaricot est née le 22 juillet 1799 à Lyon dans une famille aisée de marchands de soie. Elle vit dans une période de grande instabilité politique et dans laquelle l’industrialisation crée une nouvelle classe sociale touchée par la pauvreté. Après un accident et la mort de sa mère, elle connait une conversion fulgurante à l’âge de 17 ans. Elle décide alors de consacrer sa vie à Dieu par un vœu privé de chasteté et de se mettre au service des plus pauvres et des malades. Elle veut par-dessus tout répandre l’Évangile dans le monde entier en soutenant les missions par la prière et la collecte de fonds. Elle est à l’origine des Œuvres pontificales missionnaires. Elle crée le Rosaire vivant, une chaine de prière qui existe encore aujourd’hui. Ruinée après avoir tenté d’agir pour l’amélioration du sort des ouvriers, elle meurt dans le dénuement le 9 janvier 1862 à Lyon mais ses œuvres restent bien présentes aujourd’hui.

Elle a été nommée patronne des missions par le Pape François lors du mois missionnaire mondial d’octobre 2019. Elle a été béatifiée le 22 mai 2022 à Lyon. L’Église la fête le 9 janvier.

J’ai aimé Jésus Christ plus que tout sur la terre, et pour l’amour de Lui, j’ai aimé plus que moi-même tous ceux qui étaient dans le travail ou la douleur », disait-elle.

Léontine, catéchiste bretonne en voie de béatification

Une âme d’apôtre

Léontine Dolivet est née et a été baptisée à Betton, près de Rennes, le 28 décembre 1888. A dix sept ans, elle choisit de consacrer toute sa vie à Dieu et elle débute son activité de catéchiste. A vingt et un ans, elle crée L’œuvre des catéchistes volontaires de Betton. Pendant 68 ans, elle enseignera le catéchisme tous les jours sur le temps de midi, aux garçons de 6 à 11 ans, de l’école publique de Betton. Elle meurt à Betton le 14 novembre 1974.

Le 4 février 2017, Mgr Pierre d’Ornellas a annoncé officiellement l’ouverture de la cause de béatification de Léontine Dolivet.

Elle écrivait en 1915 : « Je comprends les prédilections du Maître pour les enfants, je Le remercie d’avoir déposé au fond de mon cœur quelque chose de cette tendresse qu’Il avait pour eux et je Le supplie, en augmentant mon amour pour Lui, d’augmenter aussi, si toutefois il est possible, mon amour pour les chères âmes qu’Il m’a confiées, bien convaincue que, dans l’œuvre de l’éducation, rien ne se fait sans amour. »

Pour aller plus loin en catéchèse :

  • Tous appelés à être des saints évangélisateurs ? N’est-ce pas cela être disciple-missionnaire ? Au n° 23 de Gaudete et exsultate, la pape François parle de l’appel à la sainteté pour chacun comme d’un rappel fort : « Toi aussi, tu as besoin de percevoir la totalité de ta vie comme une mission. Essaie de le faire en écoutant Dieu dans la prière et en reconnaissant les signes qu’il te donne. Demande toujours à l’Esprit ce que Jésus attend de toi à chaque moment de ton existence et dans chaque choix que tu dois faire, pour discerner la place que cela occupe dans ta propre mission. Et permets-lui de forger en toi ce mystère personnel qui reflète Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui. »
  • Percevons-nous la totalité de notre vie comme une mission ?
  • Savons-nous nous appuyer sur les moyens de discernement que nous donne l’Esprit Saint pour discerner ce que le Seigneur attend de nous ?

Le dossier :

Saints en catéchèse

Les saints sont des compagnons de route. Vivre en leur compagnie nous stimule sur nos chemins de foi. D’où l’importance de connaître leur vie, de découvrir les choix qu’ils ont faits et de leur demander de prier Dieu pour nous.

Pour aller plus loin, découvrez l’article sur eglise.catholique

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