
A g. : Prière du Notre Père lors de la célébration eucharistique. A d. : Mosaïque byzantine du 6ème siècle en la Basilique Saint-Apollinaire-le-Neuf, représentant l’évêque Apollinaire, en « orant ».
« Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. » (Lc 11, 2). La nouvelle traduction du Notre Père nous a offert une occasion unique de se réapproprier la prière du Christ lui-même, récitée chaque dimanche au cours de la liturgie de la messe.
Une des étapes proposées par le Rituel d’initiation chrétienne des adultes, consiste à remettre aux catéchumènes la prière du Notre Père.
Prier le Notre Père
Introduction
Le premier dimanche de l’Avent ouvre l’année liturgique. C’est la raison pour laquelle les évêques français ont choisi la date du 3 décembre 2017 pour rendre effective la nouvelle traduction du Notre Père, une occasion unique de se réapproprier la prière du Christ lui-même.
Une des dernières étapes proposées par le Rituel d’initiation chrétienne des adultes, consiste à remettre aux catéchumènes la prière du Notre Père :
« On transmet aussi aux catéchumènes l’Oraison dominicale ou Prière du Seigneur. Depuis l’Antiquité, elle est la prière spécifique de ceux qui, par le baptême, ont reçu l’adoption filiale ; les néophytes la diront avec les autres baptisés à la première célébration de l’eucharistie à laquelle ils participeront. »
– Rituel d’initiation chrétienne des adultes, n°182
On peut remarquer dans ce texte, que les catéchumènes reçoivent la prière du Notre Père de l’Église, dont l’une des grandes missions à la suite des Apôtres, est de transmettre la foi. Quand les disciples demandent à Jésus « Apprends-nous à prier » (Lc 11, 1), il leur partage les paroles mêmes qu’il adresse à son Père. Prier le Notre Père c’est prononcer les mots du Fils, jusqu’à le laisser prier en nous. N’oublions pas que l’expression « oraison dominicale » signifie « Prière du Seigneur ».
Il est à noter que cette dernière est destinée tout particulièrement à ceux qui ont reçu le baptême qui les rend fils et filles d’adoption, reconnaissant en Dieu, leur Père et accueillant les autres baptisés, en frères. Dans son encyclique La lumière de la foi, le pape François prenant appui sur Tertullien, s’exprime ainsi : « Après le bain de la nouvelle naissance [le catéchumène] est accueilli dans la maison de la Mère (l’Église) pour élever les mains et prier avec ses frères le Notre Père : il est accueilli dans une nouvelle famille1 ». Dans la célébration de l’eucharistie, prier le Notre Père c’est entrer dans une communion avec Dieu et nos frères qui trouve sa plénitude dans la communion eucharistique.
Après une présentation du Notre Père comme école de toute prière, ce dossier déploiera la Prière du Seigneur dans les trois dimensions de toute vie baptismale : la célébration, l’annonce et la vie éthique. La qualité du témoignage évangélique tient dans l’articulation entre ces trois pôles. La justesse de toute prière également.
Puisse ce dossier, fruit d’un travail commun du Service national de pastorale liturgique et sacramentelle (SNPLS) et du Service national de la catéchèse et du catéchuménat (SNCC) nous aider à redécouvrir la prière du Notre Père.
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1. Pape François, La lumière de la foi, Paris, Bayard, Cerf, Fleurus-Mame, 2013, p. 62.a
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Notre Père et éthique
A lire sur Liturgie.catholique.fr - Par Philippe Bordeyne, Prêtre, recteur de l’Institut catholique de Paris. Pour bien situer la dimension éthique du Notre Père, il faut avoir à l’esprit que son registre propre est la prière, et non l’éthique. Cependant quelques points communs les rapprochent.
Conclusion
Au terme de ce dossier, il est important de situer la prière du Notre Père, la prière des fils, dans l’ensemble de la vie baptismale. Comme l’écrivait Mgr Dagens dans sa Lettre aux catholiques de France, en 19971 :
« Si la célébration sacramentelle est véritablement le lieu dont tout part et où tout est appelé à revenir, n’est-ce pas elle qui doit donner leur pleine portée théologale aussi bien à l’engagement dans le monde qu’à l’annonce de la foi ? N’y a-t-il pas en effet un risque réel qu’en se détachant de la vie liturgique et sacramentelle, l’annonce du message se transforme en propagande, que l’engagement des chrétiens perde sa valeur propre et que la prière dégénère en évasion ? Mais, s’il importe que la liturgie soit au centre de la vie chrétienne, il importe tout autant de ne pas en faire le tout, car elle y perdrait sa substance. »
– Mgr Dagens
Les paroles du Notre Père ont besoin d’être comprises, déployées : c’est tout le rôle de la catéchèse mais aussi de la prière qui nourrit l’intelligence. Elles trouvent leur source dans les évangiles où Dieu se révèle comme « Notre Père ». L’adjectif « notre » implique l’accueil des autres comme frères, tous fils d’un même Père. Comment formuler cette demande « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » sans commencer à vivre le partage du pain quotidien ? Comment demander le pardon de Dieu sans là aussi, vouloir le vivre avec nos frères ?
Dans la mise en œuvre du Notre Père, nous insisterons sur deux attitudes :
Celle de respecter un temps de silence entre l’invitation à la prière faite par le célébrant et son commencement effectif. Tous les participants doivent pouvoir prononcer « Notre Père » et non pas seulement celui qui préside l’eucharistie ou la prière ;
Celle d’inviter les participants à adopter une posture gestuelle qui puisse accompagner les paroles d’adoration puis les demandes incluses dans le Notre Père qui « est à la fois prière et école de prière, par les demandes formulées et l’ordre même de ces demandes. En effet, elle nous invite à la demande du pain quotidien, du pardon et de la délivrance du Mal, mais seulement après nous avoir situés dans l’adoration et l’acceptation de la volonté du Père »2 .
« Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11, 1). Cette demande des apôtres est toujours d’actualité. Que ce don du Notre Père par le Christ Jésus, contribue à nourrir notre vie de fils de Dieu et ce, en communion au Christ, tournés vers le Père et habités par l’Esprit. Qu’elle nous aide à vivre de l’amour même de Dieu comme frères au service des hommes.
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1. Mgr Dagens, Proposer la foi dans la société actuelle – Lettre aux catholiques de France, Paris, Cerf, 1997, p 91.
2. Les évêques de France, Catéchisme pour adultes, Paris, coédition : Centurion, Cerf, CERP, CRER, Decanord, Desclée, Droguet-Ardant, de Gigord, Mame, Ed. Ouvrières, Privat, Tardy, Zech éd., 1991, p.324.